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# 50 / Premier rassemblement du monde culturel

Entre 450 et 500 actrices et acteurs du monde culturel normand se sont retrouvés jeudi 7 janvier devant le Théâtre des Arts à Rouen pour partager leur colère et leur inquiétude face au silence du gouvernement.

Quand ? C’est la question qui est revenue pendant le rassemblement du monde culturel normand ce jeudi 7 janvier, jour de la « revoyure ». Quand les cinémas, les salles de théâtre et de concert, les musées, le cirque auront-ils l’autorisation de rouvrir au public ? Pour l’instant, pas de réponse de la part de la ministre de la Culture. Roselyne Bachelot a encore exaspéré depuis sa récente phrase : « nous n’avons aucune visibilité ».

De la visibilité, c’est justement ce que demandent les directrices et directeurs de lieux culturels, artistes, techniciennes et techniciens pour pouvoir mener leur travail. « Cela fait un an que je n’ai pas fait de théâtre », confie David Bobée, metteur en scène et directeur du CDN de Normandie Rouen. Chacune et chacun tente de rester en équilibre dans ce stop and go et avance au jour le jour, démolissant ce qui avait été construit la veille. Toutes et tous jonglent avec des dates qui ont été fixées, puis annulées ou reportées plusieurs fois pour être adaptées aux différents cadres établis par le gouvernement. 

Un calendrier

« Nous attendons maintenant des précisions, surtout en terme de calendrier. Des artistes nous font part de leur création qui n’auront peut-être jamais lieu. Des tournées se préparent mais seront peut-être aussi annulées. Nous ne pouvons plus reporter maintenant »,  s’inquiète Julien Lenormand, responsable de l’accompagnement au 106. « Nous sommes des personnes responsables. Si nous devons rouvrir en février ou en mars, il faut nous le dire. Si nous pouvons reprendre l’activité, ce sera avec quel scénario ? Il est maintenant nécessaire de poser les règles », réclame Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie.

Aujourd’hui, il y a de l’incompréhension, de la colère dans ce secteur qui se sent sacrifié. Pourtant, « nous avons été très respectueux des protocoles stricts », rappelle Christophe Hert de l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu.  Un respect qui a d’ailleurs été salué et remarqué puisque les lieux culturels n’ont pas été des foyers de contaminations. La crainte du gouvernement alors ? Un trop grand brassage de population à l’arrivée et à la sortie des représentations. Un argument qui ne tient pas selon Bertrand Landais, coordinateur du projet artistique, culturel, et territorial de L’Étincelle à Rouen : « il n’y a pas de brassage. Nous ne sommes pas sur des jauges de 5 000 personnes. Il est incohérent de se référer à des modèles d’événementiels ».

« Le moral est entaché »

Comme le souligne Thierry Jourdain, directeur de l’espace culturel François-Mitterrand, « le moral est entaché ». Pour tout un secteur, il a en effet fallu digérer les longs silences au printemps 2020, le fait d’appartenir à un groupe de « non-essentiels », aujourd’hui le manque de considération. Autre crainte : le soutien financier aux structures, aux artistes, aux techniciennes et techniciens. « Il ne faudra pas un saupoudrage », s’inquiète Julien Lenormand. 

Elles et ils étaient entre 450 et 500 devant le Théâtre des Arts à Rouen pour manifester en présence d’élues et élus normands. 30 ans, non essentielle ?, Ouvrez les théâtres, fermez Zara, Réouverture, on veut le choix de la date, Les claques dans la gueule, c’est au concert qu’on les veut, Théâtres fermés, la messe est dite ou encore Et je remets le son : tels étaient les messages sur les banderoles. Très ému, Ben Herbert Larue a rappelé qu’il fallait « vivre vraiment sans avoir peur de se tromper », pour « s’émerveiller encore » et « ne pas être spectateur du naufrage ».