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Radhouane El Meddeb : « Les héros, c’est la jeunesse »

Dans Heroes, ce sont deux mondes de la danse qui se rencontrent. D’un côté, Radhouane El Meddeb, comédien, devenu danseur et chorégraphe, de l’autre, des performeurs issus du popping, du freestyle, de la breakdance… C’est au CENTQUATRE à Paris que tous se croisent. Radhouane El Meddeb y est artiste associé et les hip-hoppeurs s’y retrouvent pour s’entrainer, montrer leur dernière figure et performance. Le chorégraphe a écrit à neuf d’entre eux Heroes qu’ils dansent mardi 14 janvier au Rive gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. Entretien avec Radhouane El Meddeb.

Qui sont, pour vous, les héros aujourd’hui ?

Les héros, c’est la jeunesse. Ce sont tous ces jeunes gens en qui j’ai beaucoup d’espoir. Aujourd’hui, ils doivent reprendre ce rêve d’un futur meilleur, d’une plus grande ouverture vers les autres. Or, depuis plusieurs années, on leur casse ce rêve. La réalité est bien aride. Les portes sont fermées et les rêves, massacrés. Il n’y a plus de passion. Le problème que traverse l’humanité empêche la jeunesse de construire ce rêve. Elle manque d’outils pour se libérer, s’émanciper.

Qu’est-ce qui vous a surpris dans la pratique de ces danseurs et danseuses ?

Je me suis senti assez loin des danses urbaines même si nous sommes tous profondément urbains. Nous sommes au centre de ces espaces. Quand j’étais artiste associé au CENTQUATRE, je voyais des jeunes pratiquer ces danses. J’ai pris le temps de les observer, puis de discuter avec eux. Une chose m’a surpris. Moi, j’ai pris l’habitude de travailler dans l’intimité. Pour eux, la danse se nourrit de l’extérieur. Ils exercent au vu et au su des gens, des curieux, comme moi. Et ce, sans qu’ils soient perturbés par les personnes qui les regardaient. Ils sont entre eux et imperturbables.

Qu’avez-vous souhaité garder de ces danses dans Heroes ?

J’ai souhaité conserver l’énergie et l’authenticité de cette danse, la singularité de chacun. Je me suis aussi demandé comment la danse contemporaine permettait une identification, une affirmation. Je devais leur permettre de continuer leur danse, de la développer, de les emmener vers l’excellence. J’ai alors rempli cette danse de ce qu’ils sont.

Pour cela, il a fallu beaucoup échanger.

Oui, nous avons beaucoup échangé. Pourtant ce n’est pas une génération qui se confie facilement. Ils devaient me dire qui ils étaient. Je leur ai offert cette liberté de pouvoir tout dire. Pour cela, il fallait que je me raconte aussi, que je m’approprie cette danse pour donner une émotion, une affirmation d’une ambition. J’ai mis cette danse dans des histoires, dans des contextes parce que j’aime raconter l’humain. C’est pour cette raison que j’aime danser et partager des récits.

Comment avez-vous écrit un récit commun ?

Nous avons été très à l’écoute des uns et des autres. Nous avons besoin d’être ensemble, de vivre ensemble malgré les frontières et les contraintes spatiales. La solitude est l’angoisse de l’être contemporain. On le voit, les gens ont besoin de se regrouper pour manifester, revendiquer. Là, il n’y a plus de barrières. J’avais envie que ces héros portent toute sorte d’altérité. C’est une quête. La danse permet la transcendance de tout cela.

Infos pratiques

  • Mardi 14 janvier à 20h30 au Rive gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray.
  • Tarifs : de 18 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 32 91 94 94 ou sur www.lerivegauche76.fr