BD : les auteurs se réunissent à Rouen

Les auteurs de bande dessinée sont désormais en marche pour informer de leur précarité croissante. Une Marche des auteurs est organisée samedi 31 janvier à Angoulême pendant le festival international de la bande dessinée. Les Normands se rassemblent au même moment à la librairie Au Grand Nulle Part à Rouen.

 

snac bd case videIl y a le décor, joli, coloré, ludique… Et l’envers du décor, bien plus sombre. Même si les chiffres ne sont pas très précis, « les auteurs de bande dessinée connaissent une situation de paupérisation croissante », constate Marc-Antoine Boidin, dessinateur et membre du SNAC-BD (Syndicat national des auteurs et compositeurs). Les états généraux qui se tiennent vendredi 30 janvier pendant le festival international de la bande dessinée à Angoulême permettront de dessiner un paysage du neuvième art avec de fortes disparités.

 

Il y a eu cependant une mesure qui a mis en colère les auteurs : la réforme du régime complémentaire de retraite. A partir du 1er janvier 2016, le taux de cotisation sera augmenté. Ce sera 8 % des revenus annuels. « Cela s’est fait sans discussion. Pour les auteurs, cela représente un mois de salaire », indique Fred Duval, scénariste normand. « Ce taux a été calculé en fonction de ce que la retraite pourra nous apporter. Pour avoir une bonne retraite dans le futur, il faut vivre aujourd’hui. Tout cela est décalé par rapport à la réalité », poursuit Marc-Antoine Boidin.

 

Il y a tout d’abord eu une lettre ouverte au ministère de la Culture. « Nous avons recueillis 1 200 signatures sur une population estimée à 1 500 auteurs ». Samedi 31 janvier, les auteurs descendent dans la rue pour sensibiliser les lecteurs à leurs difficultés et parvenir à présenter des cases vides, comme sur le tract. « Une autre mauvaise nouvelle nous attend. Jean-Claude Juncker (président de la Commission européenne, ndlr) a commandé un rapport pour étudier une réforme des droits d’auteur à l’échelle européenne », ajoute Marc-Antoine Boidin.

 

5 000 titres par an

Selon le dessinateur, « certains s’en sortent très bien, mais la grande majorité, non. Les revenus n’ont cessé de chuter depuis 10 ans. La moitié des auteurs gagnent un SMIC ». Pourquoi une telle précarité ? L’augmentation fulgurante du nombre de parutions. « En 10 ans, on est passé de 1 000 à 5 000 titres par an. Il y a 10 nouveaux titres chaque jour ». Cela a participé à une politique éditoriale. « A un moment, les éditeurs se sont dit : pour être vu, il faut proposer beaucoup de livres. Tout le monde a joué ce jeu. Cela a marché puisque de nombreux auteurs sont arrivés. Le contrecoup : ils ne vivent plus des ventes », explique Marc-Antoine Boidin.

La durée de vie d’un album a alors considérablement diminué puisque les libraires sont obligés de renouveler leurs linéaires plus fréquemment. « Si vous faites moins de ventes, les contrats sont renégociés ou pas renouvelés », remarque Fred Duval. Un cycle infernal.

 

  • Samedi 31 janvier à 14 heures devant la librairie Au Grand Nulle Part, 102, rue du Général-Leclerc à Rouen.
  • Le SNAC-BD a lancé un appel