Rencontre au Havre : Boualem Sansal à la Galerne

photo C. Hélie

Boualem Sansal est l’invité de la librairie La Galerne au Havre mardi 22 mars pour son livre 2084 (Gallimard), Grand prix de l’Académie française 2015 et élu meilleur livre de l’année par le magazine Lire.

 

photo C. Hélie
photo C. Hélie

La référence est immédiatement identifiable : 2084 est dans la lignée du 1984 de George Orwell, référence s’il en est. A la lecture, la parenté se retrouve et Boualem Sansal peut honorablement figurer aux côtés de son inspirateur. Il faut même au-delà de l’anticipation un certain courage pour dénoncer avec si peu de dissimulation l’obscurantisme d’aujourd’hui qui fera l’enfer de demain. Car 2084 n’est pas si loin.

 

Dans l’Abistan de l’auteur, les 60 provinces sont sous la coupe du prophète Abi répondant à la parole de Yölah. Tout n’est que soumission, ignorance et surveillance. Il est dit dans le Gkabul en son titre 2, chapitre 30, verset 618 : « il n’est pas donné à l’Homme de savoir ce qu’est le mal et ce qu’est le bien, il a à savoir que Yölah et Abi oeuvrent à son bonheur. » Evidemment, ce n’est pas une charge contre l’Islam mais bien contre l’islamisme, sectaire et aveugle.

 

« Mécroire, c’est refuser une croyance dans laquelle on est inscrit d’office mais, et c’est là que le bât blesse, l’homme ne peut se libérer d’une croyance qu’en s’appuyant sur une autre, comme on soigne une addiction avec des drogues, en l’adoptant plus avant, en l’inventant si besoin. Mais quoi et comment puisque dans le monde idéal d’Abi il n’y a rien qui permette de le faire, aucune opinion en compétition, pas un soupçon de postulat pour accrocher la queue d’une idée rebelle, imaginer une suite, construire une histoire opposable à la vulgate ? »

 

Ati, jeune croyant parmi les croyants, parti soigné sa tuberculose traversera le pays et verra ce qu’il ne devait pas voir. Et le doute surgira. « C’est son regard qui attira celui d’Ati, c’était le regard d’un homme qui, comme lui, avait fait la perturbante découverte que la religion peut se bâtir sur le contraire de la vérité et devenir de ce fait la gardienne acharnée du mensonge originel. » Un conte ou une fable qui veut crânement nous alerter parce que l’homme n’est décidément pas à la hauteur… « Plus on diminue les hommes, plus ils se voient grands et forts. C’est à l’heure du trépas qu’ils découvrent hébétés, que la vie ne leur doit rien car ils ne lui ont rien donné. » On ne saurait mieux dire.

 

H.D.

 

  • Mardi 22 mars à 18 heures à la Galerne au Havre. Entrée libre