//

Roland Shön : « je pense avec mes mains »

Roland Shön est un conteur merveilleux à l’imagination débordante. Il invente des créatures fantastiques, des mondes où les objets s’éveillent et des personnages hauts en couleurs. Poète bricoleur et philosophe, il sera à la médiathèque à Notre-Dame-de-Bondeville pour raconter les Ananimots, un livre avec cinq histoires d’animaux étranges,  le Camélion, le Batrachien, la Hérissouris, la Coqcinelle et la Crocopuce qui ont peur des autres et d’eux-mêmes. C’est mardi 20 octobre lors des Mots et des mômes dans la cadre du festival Terres de Paroles.

Quelle relation avez-vous avec les mots ?

Elle est très particulière. C’’est grâce aux mots que l’on connaît le monde. Heureusement qu’ils sont là pour que le monde existe. Et j’en joue. J’aime beaucoup la poésie. J’aime faire des assemblages fragiles de mots pour leur faire dire ce qu’ils n’arrivent pas à dire.

D’où vient cet amour des mots ?

Je n’en sais rien. Je suis né dans une famille très démunie dans laquelle il n’y avait pas de livres. J’ai découvert la poésie avec Prévert au collège. Je me souviens d’un prof qui a lu La Pêche à la baleine. Et ce fut un très grand choc. C’est peut-être là.

Pourquoi ? Est-ce la liberté que Prévert s’octroie dans son écriture ?

Oui, il y a de cela. J’ai compris, comment avec les mots, il parvenait à évoquer les choses qu’on a du mal à exprimer. La poésie est alors devenue quelque chose d’évident qui nous illumine. Elle permet de parler de sujets ou d’une émotion avec une autre personne. Alors qu’autrement, on le pourrait pas. La poésie, c’est quand on se rend compte dans les mots que c’est de la poésie. C’est comme ça.

Vous jouez beaucoup avec les mots.

Et avec les objets aussi. Je pense avec mes mains. Quand on écrit, on fait fonctionner sa tête bien sûr mais il faut faire bouger ses mains. Sinon, cela reste du brouillamini de la tête. Quand on se met devant une page, tout commence. Tout s’enclenche.

Comment sont nés les Ananimots ?

J’ai eu envie d’écrire à la naissance d’Ana. Ce sont des histoires d’animaux qui vivent entre les pages des livres et se nourrissent des mots. C’est très oulipien. Ces animaux ont la particularité d’avoir toujours peur d’un plus petit qu’eux ou de leur ombre. C’est une réflexion sur la peur des autres, même s’ils sont plus petits. Cela a été un grand jeu avec les mots. J’ai proposé aux artistes de HSH d’illustrer le livre et ils ont fait de jolis dessins qui seront projetés lors de la lecture. Nous serons dans un beau cadre de la fondation Volter Notzing

Que devient votre explorateur ?

Il m’accompagne toujours. Je l’aime bien parce qu’il invente des choses du monde. Il reste cependant une explorateur très vaniteux, prétentieux qui croit voir de grandes choses. C’est un personnage idéal pour inventer des histoires.

Infos pratiques

  • Mardi 20 octobre à 16 heures à la médiathèque départementale de Seine-Maritime, 35, rue de La Fontaine à Notre-Dame-de-Bondeville
  • Durée : 1 heure
  • Lecture tout public à partir de 6 ans
  • Gratuit
  • Réservation au 02 32 10 87 07 ou sur www.terresdeparoles.com