Rush, vivement 2018

photo Poley Luard

Incontestablement, Rush, rendez-vous musical du 106 a été un succès avec ces 29 800 festivaliers. Cette édition qui s’est déroulée du 19 au 21 mai sur la presqu’île Rollet à Rouen a surtout porté de belles valeurs.

photo Poley Luard

Surtout ne pas faire de la musique « un produit ». Elle doit être « une dynamique, un mouvement », selon Jean-Christophe Aplincourt. C’est à partir de cette appréciation que Rush s’est construit. Depuis sa création, le festival du 106 a pris ainsi des chemins de traverse pour s’inscrire d’une manière différente dans le paysage culturel. Le but n’est pas de se démarquer pour seulement… se démarquer. Le directeur du 106 y met du sens. « Un festival doit être porteur d’une pensée sur son époque. La musique est imbriquée dans la société et reflète un changement. Un artiste, c’est une rupture par rapport à son époque. C’est pour cela qu’il est intéressant, il tranche. Après, il devient tout doucement son propre fantôme. Aujourd’hui, il y a beaucoup de festivals de fantômes ». Rush crée « une réalité alternative » et c’est un vrai challenge.

Un pari à nouveau réussi avec cette nouvelle édition qui s’est déroulée du 19 au 21 mai puisqu’elle a accueilli 29 800 festivaliers. Trois fois plus que l’année passée. Il faut se souvenir que Rush 2016 avait essuyé quelques gros orages. Néanmoins, ce rendez-vous musical annuel a tout d’abord trouvé son lieu, la presqu’île Rollet, sous le pont Flaubert, un endroit bucolique et dépaysant entre le port et la ville.

Un pari réussi aussi parce que Rush 2017 a porté des valeurs généreuses. Le thème, l’exil, était très politique. Le festival pourra faire taire quelques idées reçues encore débattues lors de la campagne présidentielle tant il a réuni en trois jours des spectateurs de tous âges et toutes origines. La diversité culturelle était dans le public et dans la programmation élaborée avec Hindi Zahra. Voyage vers le Mali, l’Irlande, le Maroc, Israël, l’Irak, la Turquie, les Etats-unis, la Syrie, la France… « S’associer à un artiste permet de suivre une subjectivité et de sortir des sentiers battus. On crée un contexte, un environnement pour ces artistes qui deviennent visibles », remarque Jean-Christophe Aplincourt. Rilès a enflammé les plus jeunes. Aeham Ahmad, pianiste syrien, a ému. Gaye Su Akyol est une des révélations de Rush. Cette édition a dessiné un paysage culturel sans frontière, métissé et harmonieux. On a hâte d’être en 2018.