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Scènes de crime avec les élèves du conservatoire de Rouen

Pour leurs travaux publics annuels, les 16 élèves de la classe d’art dramatique du conservatoire de Rouen se confrontent aux scènes de crime dans l’œuvre de Shakespeare. Du théâtre, du chant, de la danse et aussi de l’escrime à interpréter du 27 au 29 juin au théâtre des Deux-Rives.

Un auteur : Shakespeare. Six pièces : Hamlet, Roméo et Juliette, Othello, Richard III, Macbeth et Titus Andronicus. Seize élèves, tous de la classe d’art dramatique du conservatoire de Rouen. Et 27 Crimes de scènes, thème de leurs prochains travaux qui se déroulent du 27 au 29 juin au théâtre des Deux-Rives à Rouen. Crimes de scènes, spectacle de fin d’année, mis en scène par Maurice Attias, est une suite d’extraits cruels d’œuvres du dramaturge anglais. 

Inès, Lia et Bryan sont trois élèves du conservatoire de Rouen, tous marqués par des scènes terribles au cinéma. Pour Inès, il faut aller chercher dans Gone Girl de David Fincher. « Celle qui est portée disparue fait le mal. Elle va aller jusqu’à se mutiler, se violer en se mettant une bouteille dans le vagin. C’est d’une immense violence ». Lia n’a pas oublié dans Orange mécanique de Stanley Kubrick les scènes de viol et de crimes « atroces sur une musique joyeuse. On ne sait plus si on doit rire ou être choqué ». Quant à Bryan, il n’a pas oublié le début de Pulp Fiction de Quentin Tarantino : « Les deux personnages mènent une conversation d’une grande banalité alors qu’ils vont tuer. Ils échangent sur des hamburgers. C’est à ces monstres que l’on donne raison ».

Cette fois, ils vont jouer les méchants, les salopards, les assassins et également les victimes. Un vrai bonheur et un challenge pour ces apprentis comédiens. « C’est assez difficile parce qu’il faut accepter la part d’ombre que l’on a en chacun de nous, la haine que l’on peut ressentir. Il faut trouver le mal en soi et le projeter. Quand on y arrive, c’est jouissif », remarque Inès, élève de 3e année. « Nous avons tous des pulsions, c’est presque une catharsis », selon Lia en première année. « Au départ, il a fallu beaucoup de travail à la table, lire le texte pour le nettoyer afin d’éviter tout pathos. En fait, tout est dit dans les scènes. La difficulté reste de les rendre triviales. Sans toutefois les banaliser. Il faut rendre cela proche de nous, faire semblant de faire semblant », ajoute Bryan. 

Inès a beaucoup de « tendresse » pour Tamora, impératrice de Rome dans Titus Andronicus. « Elle est une amoureuse éperdue, s’éprend d’Aaron qui se joue d’elle. C’est une reine qui a perdu la guerre, se retrouve dans une spirale et est donnée comme un trophée. Elle est complètement paumée et me fait penser à une junkie ». Toujours dans Titus Andronicus, Bryan interprète un Aaron manipulateur. « Il sort de nulle part et va contrôler la situation ». Lia préfère les scènes de combat de Roméo et Juliette, les échanges entre Hamlet et sa mère, Gertrude. « C’est très intense à jouer parce que l’on passe par tous les états. Hamlet a perdu son père, voit son oncle prendre sa place. Il est la figure de l’ado dont on a remplacé le père et veut le faire payer à sa mère ». 

Ces Crimes de scènes ont permis aux élèves de la classe d’art dramatique de se plonger dans l’œuvre de Shakespeare, « toujours très actuel » d’après Bryan. « Très fort », estime Lia. « Il est parvenu à tout capter à son époque ». Même enthousiasme de la part d’Inès. « Dire Shakespeare, lire Shakespeare, c’est incroyable. C’est si beau. Il n’y a que des images, des métaphores. Cela me fait vibrer ». Ce spectacle est une partie physique avec non seulement le jeu théâtral mais aussi la danse, le chant et l’escrime avec un combat à la rapière.

Infos pratiques

  • Jeudi 27 et vendredi 28 juin à 19 heures, samedi 29 juin à 18 heures au théâtre des Deux-Rives à Rouen.
  • Entrée libre.
  • Réservation au 02 35 70 22 82