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Sept garçons ont disparu

C’est Le Petit Poucet des temps modernes. L’Enfant Océan raconte l’histoire d’une fratrie partie de la maison familiale pour fuir la violence et la misère. Frédéric Sonntag s’empare avec délice de ce roman pour mettre en scène un road-movie cinématographique. C’est vendredi 14 février au théâtre Legendre à Évreux avec Le Tangram.

Dès les premières pages, Frédéric Sonntag a été happé par le roman de Jean-Claude Mourlevat, L’Enfant Océan. « Je me suis dit : ce voyage initiatique, cette enquête sont faits pour moi. Ce sont des formes qui me parlent. Tout comme ces ingrédients : le rapport à l’enfant, le regard de l’enfant sur les adultes. J’ai aussi beaucoup aimé sa forme polyphonique. À chaque chapitre, on change de narrateur, donc de point de vue. À la fin, on a le regard de tous les personnages sur cette histoire. Tout en lisant, je pensais au plateau. Il était donc évident pour moi de mettre en scène ce roman ».

Dans L’Enfant Océan, il y a sept frères, trois paires de jumeaux et un dernier garçon. Contrairement aux autres, celui-ci est tout petit mais très intelligent et vif d’esprit. Rien de joyeux dans cette famille  : le père et la mère sont aussi bêtes que violents. Un soir, le petit Yann surprend une conversation entre ses parents. Le père a décidé de tuer tous ses enfants. Sans attendre, le petit dernier réveille ses frères et les emmène vers l’océan. Commencent alors pour les sept garçons une fugue et pour les adultes une enquête. Jean-Claude Mourlevat livre là une version moderne du Petit Poucet.

Sur le plateau, Frédéric Sonntag rassemble cinq comédiens et comédiennes, Laure Brend-Sagois, Rémi Fortin, Julie Julien, Régis Lux et Morgane Peters, qui endossent le rôle des vingt personnages. « Poétiquement, c’est très riche. Le comédien qui joue le père, violent et méchant devient le routier qui les emmène dans son camion. Pour les enfants, il est comme un père de substitution ».

Entre théâtre et cinéma

Et Yann ? Pour le metteur en scène de la compagnie AsaNisiMAsa, le petit dernier de la fratrie ne pouvait être qu’une marionnette. « C’est ludique de faire jouer les jumeaux par le même comédien. Pour Yann, je souhaitais garder la réalité du personnage. Il a 10 ans mais a la taille d’un enfant de 2 ans. C’est un enfant miniature qui ne parle pas. Il arrive à se faire comprendre juste par la gestuelle. En fait, il est une présence fantastique. Ce sont ses frères qui le manipulent et lui donnent vie et c’est lui qui les guide ».

Comme dans toutes les créations de Frédéric Sonntag, le théâtre se nourrit de cinéma. Le roman, L’Enfant Océan, lui a permis de continuer à explorer le lien entre ces deux arts. « On reste dans la forme du récit. On raconte. On joue ce que l’on raconte. On représente ce que l’on voit. Le travail de l’image permet d’amener le point de vue des différents personnages. On se retrouve en immersion comme au cinéma ».

Au fil de l’histoire se lèvent tous les mystères. Chacun amène son indice et son témoignage. L’Enfant Océan est un véritable road-movie, entre fuite, voyage vers la mer, flashbacks, et aussi un conte de fée pour appréhender la réalité et affronter les peurs.

Infos pratiques

  • Vendredi 14 février à 20 heures au théâtre Legendre à Évreux.
  • Spectacle tout public à partir de 9 ans
  • Tarifs : de 10 à 4 €.  Pour les étudiants :  carte Culture.
  • Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com