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Théâtre à DSN : un numéro de jonglage avec le langage

photo Bilgou
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Le langage est-il le meilleur moyen de communication ? Pas tant que cela selon la compagnie Acta Fabula. Solenn Jarniou, autrice, metteure en scène et comédienne, le démontre dans Le Manager, les deux crapauds et l’air du temps, présenté jeudi 17 novembre à la scène nationale de Dieppe. Un conseiller de Pôle emploi est vivement prié par sa direction de trouver un travail à deux chômeurs, Elle et Lui. Deux personnages qui ne parlent pas le même langage. Heureusement le manager s’exprime en toutes les langues. Les échanges deviennent alors un feu d’artifice du langage, entre poésie, argot et langue du quotidien. Entretien avec Solenn Jarniou.

 

Quelle était votre envie avec cette nouvelle création, parler du chômage ou des défauts de communication ?

J’avais envie de travailler sur le langage. On dit qu’un conflit se règle après une discussion. Je pensais en effet que le langage était le meilleur moyen de communication mais c’est aussi le moyen de faire du mal. Il est un outil du quotidien à double tranchant qui ne remplit pas toujours sa mission de communication. Avec un mot, on peut déclencher des conflits. Par ailleurs, aujourd’hui, on nivèle ce langage par le bas. J’ai pensé à toutes les dernières campagnes électorales.

 

Pourquoi avez-vous choisi le monde du travail pour évoquer cette question du langage ?

Parce qu’il y a une urgence. Le personnage est placé dans une urgence. Il doit vite trouver une solution pour ces deux chômeurs. J’ai choisi aussi le monde du travail parce que l’on n’est plus rien sans emploi. Je me souviens des premières périodes de chômage. C’était un drame. Le travail, c’est la dignité. Ce n’est pas seulement le moyen qui permet de gagner de l’argent. Il y a le sentiment d’être utile. Malheureusement, depuis quelques années, tout le monde est concerné par le chômage. Nous connaissons tous une personne sans emploi. Mais tout cela est un prétexte pour parler du langage.

 

C’est un sujet que vous traitez avec humour.

Oui, les spectateurs rient beaucoup dans les salles. Personne ne m’a reproché de traiter ce sujet de cette manière. Par l’humour, on peut faire passer des choses très cruelles. Le rire est aussi un moyen détourner de ne pas d’exposer totalement.

 

Dans cette pièce, vous confrontez plusieurs langages.

Il fallait une opposition spectaculaire. L’alexandrin est très calculé. C’est très mathématique. La force de l’alexandrin réside dans l’obligation de savoir ce que vous voulez dire. Il y a aussi l’argot. J’ai un grand amour pour cette langue poétique, métaphorique, drôle. A cela s’ajoute le langage du quotidien.

 

Quelle part laissez-vous à la pensée qui est liée au langage ?

Dans la pièce, les mots du Manager sont là pour traduire la pensée. Néanmoins, je pense qu’ils desservent la pensée parce qu’elle n’en a pas besoin. Le mot va normaliser la pensée, la mettre dans une forme classique. La communication ne passe pas seulement par le langage. Elle peut se faire par la musique, la peinture…

 

 

 

  • Jeudi 17 novembre à 20 heures à la scène nationale de Dieppe. Tarifs : de 23 à 10 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr