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Théâtre au CDN : une soirée avec « Un Beau Ténébreux »

photo Jean-Louis Fernandez

Julien Gracq au théâtre : c’est une première. Avec sa compagnie The Party, Matthieu Cruciani met en scène le deuxième roman de l’auteur, Un Beau Ténébreux. Créée début janvier à La Comédie de Saint-Etienne, la pièce se joue mardi 2 et mercredi 3 février au CDN de Haute-Normandie

 

photo Jean-Louis Fernandez
photo Jean-Louis Fernandez

Un roman. « Je lis beaucoup d’œuvres mais je suis un mauvais lecteur de théâtre ». Matthieu Cruciani préfère explorer les écritures romanesques, « des terrains vierges. Il y a tellement de très belles œuvres écrites qui n’ont jamais été montées ». Avec une pièce de théâtre, « j’ai l’impression de résoudre un problème mathématique, que l’on me donne des ordres. Alors qu’un roman m’invite », permet de « faire émerger une pièce ». Une telle adaptation suppose un long travail d’écriture. « Le spectacle se dégage comme une pierre précieuse de sa roche ».

 

Une histoire de désir. Matthieu Cruciani s’est penché sur un roman jamais adapté au théâtre. Un Beau Ténébreux, publié en 1945 par Julien Gracq, raconte l’histoire d’un groupe de six estivants, un peu snobs, passant leurs vacances au Grand Hôtel des Vagues, en Bretagne dans les années 1920. Tous passent leur journée à se baigner, jouer au golf, à danser, à miser au casino… C’est le temps de l’oisiveté, de l’ennui, parfois. Un jour, un couple, quelque peu énigmatique et sublime, vient bouleverser cette monotonie, la petite vie de cette communauté. Notamment ce beau ténébreux, un anglais charismatique, qui parvient à séduire toutes les personnes qu’il croise… « C’est une histoire simple, théâtrale, une véritable fable écrite dans une langue ensorcelante, hors de toute époque. Elle m’apparaît comme unique en son genre. Je n’ai pas l’impression d’en avoir déjà lue. C’est une affaire de vie, de désir ». Julien Gracq dresse le portrait d’une société désabusée en quête d’émotions.

 

Un monde onirique. Du désir et des émotions qui vont entrainer de nombreuses tensions entre les personnages. « Il n’y a rien d’autre que cela : de la passion, du rejet, de l’adhésion. C’est ce qui est passionnant ». Les drames se succèdent aux instants plus légers. Dans ces ambiances mouvantes et fiévreuses, Matthieu Cruciani a souhaité préserver tout l’onirisme et la poésie du roman. Un Beau Ténébreux devient un songe. « Nous sommes entre rêve et réalité » dans ce huis clos en plein air. Les comédiens apparaissent et disparaissent dans une scénographie délicate où se mêlent images vidées et théâtre d’ombre.

 

 

 

  • Mardi 2 et mercredi 3 février au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 14 €, 9 €. Réservation au 02 35 03 29 78 ou sur www.cdn-hautenormandie.fr
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du mercredi 3 février.