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Théâtre au Rive gauche : une veillée de la pensée

Marivaux vs Naomi Klein… Dans cette nouvelle création, Vous reprendrez bien un peu de liberté ou comment ne pas pleurer ?, présentée vendredi 29 janvier au Rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray, Jean-Louis Hourdin confronte deux textes L’Île des esclaves et La Stratégie du choc pour dénoncer les dérives de l’ultralibéralisme.

 

rive gauche VOUS REPRENDREZ BIEN photo spectacle« Le monde devient fou »… C’est à cette conclusion que parvient Jean-Louis Hourdin à la fin de la lecture de La Stratégie du choc, un livre de Naomi Klein. Dans cet essai, la journaliste analyse la prise de pouvoir des idées ultralibérales dans toutes les sociétés. La pensée de Keynes est balayée pour être remplacée par celle de Milton Friedman et de la fameuse école de Chicago. A travers 30 chapitres, Naomi Klein prend des exemples sidérants de l’instauration d’un capitalisme sauvage dans différents pays du monde.

 

« On est devant une folie. Je ne peux pas ne pas faire un spectacle sur ce sujet ». Jean-Louis Hourdin choisit cinq chapitres de La Stratégie du choc, les adapte pour la scène et les confronte à la pièce de Marivaux, L’Île des esclaves, écrite 300 ans plus tôt. Le texte de Marivaux est une douce utopie sociale dans laquelle les maîtres et les valets inversent les rôles. Mais, à la fin, tout redevient comme avant.

 

Dans Vous reprendrez bien un peu de liberté ou comment ne pas pleurer ?, créé en octobre dernier à Genève et joué vendredi 29 janvier au Rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray, le metteur en scène fait résonner une fable et un récit documentaire, met en miroir des êtres en révolte et d’autres devenus fatalistes. Si L’Île des esclaves est jouée devant un décor de toiles de maîtres, Jean-Louis Hourdin a préféré le vide pour La Stratégie du choc.

 

Seuls comptent les mots, la pensée. « Dans cette société, c’est comme si on nous volait la démocratie. Il faut partager cette blessure. Le théâtre se doit d’ouvrir cette blessure ». Loin d’être un doux rêveur, Jean-Louis Hourdin sait très bien qu’une pièce ne bouleversera pas le monde. Néanmoins, ce théâtre qu’il veut « vrai, politique, poétique, documentaire » doit être « une petite avancée sur la réflexion », permettre d’être « intelligents ensemble ». Bien évidemment, il y a « une naïveté enfantine » dans tout cela. Mais « nous sommes tous des ados en colère ». Alors, dans cette dansée désespérée, « veillons, armons nous en pensée et pleurons ensemble pour être plus forts ».

 

  • Vendredi 29 janvier à 20h30 au Rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray. Tarifs : de 15 à 8 €. Réservation au 02 32 91 94 94.