/

Théâtre au centre Voltaire : pour une société sans artistes

Et si on supprimait les artistes ? Dans La Loi des prodiges qu’il joue mardi 23 janvier au centre culturel Voltaire à Déville-lès-Rouen, François de Brauer imagine une société dans l’art aurait disparu. Pour cela, il se met dans la peau d’un député réactionnaire, Rémi Goutard.

Rémi Goutard est député. Il fait partie de cette frange bien réactionnaire qui pose encore la question de l’utilité de l’art. Le voilà lancer dans une expédition pour convaincre la population d’une extinction pure et simple des artistes. Des personnes qu’il considère comme des adversaires redoutables. Dans La Loi des prodiges, François de Brauer dresse le portrait de cet homme politique élu dans un pays, assez semblable au nôtre. Pour cela, il croise un vingtaine de personnages dont un père schizophrène, une amoureuse complètement extravagante, un SDF qui se fait clown, un psychanalyste mystérieux, un artiste célèbre…

Pour dessiner ce Rémi Goutard, François de Brauer ne s’est pas inspiré d’un personnage politique connu. Néanmoins, « il peut faire penser à Emmanuel Macron avec son côté austère. J’ai surtout voulu créer l’archétype d’un technocrate dénué de sensibilité artistique et d’émotion », raconter sa vie à la fois politique et personnelle pour « mêler le burlesque et le drame »

Avec La Loi des prodiges, François de Brauer n’a pas voulu écrire un manifeste pour l’art. « Je n’ai pas d’objectif militant. J’avais envie de m’attaquer à cette thématique après les agitations sociales de 2014. La question de l’utilité de l’art est difficile à poser en ces termes. En quoi est-ce rentable et utile ? En fait, la problématique réside dans la question. J’ai alors pensé à Joël Pommerat (auteur et metteur en scène de la compagnie Louis Brouillard, ndlr). Il a dit un jour qu’il écrivait pour pouvoir penser le monde et faire de la philosophie en amateur. Je joue pour penser le monde qui m’entoure ».

Seul en scène

Cette fois, François de Brauer, fan de Philippe Caubère, est seul sur scène. Il a écrit La Loi des prodiges aussi seul sur scène à partir d’improvisation. « Cela me fascine la radicalité d’une écriture qui parle d’une personne. On se met au service d’un univers. On rencontre la personne totalement ».

Lui qui a incarné de nombreux rôles a ressenti un réel « plaisir » dans ce seul en scène. « Au début, j’avais le trac mais j’en avais besoin. A un moment, j’ai eu le sentiment de ne pas être rassasié de scène. J’étais tout le temps frustré. Je me suis rendu compte que, pour s’embarquer dans une telle aventure, il fallait un désir de jeu plus grand que la moyenne. Même si, physiquement, c’est éprouvant ». Peu importe. François de Brauer a bien envie de poursuivre son expérience théâtrale en solitaire.

 

 

  • Mardi 23 janvier à 20 heures au centre Voltaire à Déville-lès-Rouen. Tarifs : de 16 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 68 48 91 ou sur www.dullin-voltaire.com