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Théâtre : un corps-à-corps « Dans La Solitude des champs de coton »

photo Christophe Raynaud de Lage
photo Christophe Raynaud de Lage

Dans cette création singulière du texte de Bernard-Marie Koltès, Dans La Solitude des champs de coton, Roland Auzet réunit Anne Alvaro et Andrey Bonnet qui joue respectivement le dealer et le client. Un duo et aussi un duel pour ce spectacle en déambulation qui se déroule en dehors des structures culturelles. Il est à l’affiche du Rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray mardi 14 mars et de l’Arsenal à Val-de-Reuil. Entretien avec le metteur en scène.

 

Dans La Solitude des champs de coton est un texte très connu de Bernard-Marie Koltès et aussi souvent mis en scène. Quelle lecture nouvelle avez-vous souhaité apporter ?

C’est en effet un texte très connu. On peut même dire qu’il est devenu un classique. Cependant, quand on a envie de parler du monde, de la part de l’intime dans l’espace public, on le fait avec Molière, Shakespeare et aussi avec Koltès. C’est maintenant une référence. Dans La Solitude des champs de coton met face à face deux personnes qui vont dealer, se questionnent en les obligeant à se dévoiler. C’est la machine à l’envers.

 

Est-ce que présenter cette pièce en dehors des lieux culturels a été une évidence pour vous ?

Il fallait le sortir du théâtre pour essayer de mettre ce questionnement de l’intime dans l’espace public. Nous allons dans des stades, des centres commerciaux, les rues, les parkings… pour retrouver aussi toute la liberté qu’offre l’espace public. On donne au public des casques afin qu’il s’approprie la parole de Koltès de manière plus profonde. Cela favorise la concentration, une écoute organique de cette langue, de son timbre. On retrouve ainsi une certaine distanciation entre les corps et les mots.

 

Comment ce texte résonne aujourd’hui ?

Résonne, c’est le mot qu’il faut employer. Objectivement, ce texte résonne encore aujourd’hui. C’est une langue issue du monologue intérieur, une langue ancestrale, universelle qui questionne le plus profond de chaque être. Elle est aussi populaire. L’échange apporte plus ou moins de profondeur ou de superficialité.

 

Pour cette mise en scène, vous avez choisi deux comédiennes. Pourquoi ?

Le texte de Koltès évoque la thématique du désir. Dans ce dialogue, il y a une question sous-jacente : que me veux-tu ?. J’ai pensé que les voix de femmes pouvaient apporter une universalité à tout cela. Il y a une vibration entre ces voix.

 

Que dit Koltès à propos du désir ?

Le moteur de la relation entre les personnages, c’est le temps que l’un souhaite donner à l’autre. Il donne quelque chose qu’il n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas. Cela crée une dramaturgie incroyable.

 

Dans cette relation entre les deux personnages, faut-il parler d’un duel, d’un combat ?

C’est forcément un combat. C’est un combat physique, un corps-à-corps organique.

 

  • Mardi 14 mars au Rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray. Tarifs : de 20 à 10 €. Réservation au 02 32 91 94 94.
  • Vendredi 17 mars à 20 heures au stade Jesse-Owens à Val-de-Reuil. Tarifs : de 25 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 40 70 40 ou sur www.theatredelarsenal.fr