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Le théâtre épique de Brecht pour les élèves du conservatoire

Du théâtre, beaucoup de théâtre, mais aussi de la danse et du chant pour les premiers travaux de la classe d’art dramatique du conservatoire de Rouen. Les 15 apprentis comédiens jouent des scènes d’œuvres de Bertolt Brecht mercredi 24 et jeudi 25 janvier à la chapelle Saint-Louis à Rouen.

Ce sera comme un marathon. Plus de trois heures de présence sur un plateau pour les 15 apprentis comédiens de la classe d’art dramatique du conservatoire de Rouen. « Après le premier filage, nous nous sommes rendus compte de l’énergie que cela demandait », confie Charles. « Il faut de l’endurance. Dans cette pièce, il y a beaucoup de corps, des corps en tension. Nous changeons de rôles. Nous passons de l’un à l’autre, donc d’une énergie à l’autre. Quand la machine est lancée, elle ne peut s’arrêter et tout est à vue », poursuit Lorraine.

Plus de trois heures avec Bertolt Brecht, auteur choisi par leur professeur pour ces travaux publics présentés mercredi 24 et jeudi 25 janvier à la chapelle Saint-Louis à Rouen. Avec cet auteur allemand (1898-1956), les élèves vont se confronter au théâtre épique. « On donne à voir. On joue », commente Maurice Attias.«  Il n’y a que les situations qui comptent. Ce qui laisse une grande liberté de jeu parce qu’il n’y a pas de vérité. Avec lui, on ne parle pas de personnage, mais de rôle. Le travail de l’acteur consiste à tout rêver à partir de cette encre sur le papier. Brecht prône le plaisir, fête cette liberté. Il fait aussi appel au rire pour que le public comprenne. Cela passe par le travail de la pensée ».

L’humour et l’horreur

La classe s’est donc confrontée à Brecht. « Je l’avais étudié lorsque j’étais à l’université », se souvient Lorraine. « Mais je n’avais jamais éprouvé son écriture sur un plateau. Jouer les textes de Brecht permet de mieux comprendre les mécanismes de l’écriture parce qu’il a déjà pensé au jeu ». « Tout a un sens avec Brecht », soutient Charles. « Un point, une virgule ne sont pas là pour rien. Tout a un sens et tout doit être respecté ».

Maurice Attias a réalisé un montage avec Splendeur et décadence de la ville de Mahagonny, sur une musique de Kurt Weil, des scènes de Grand Peur et misère du IIIe Reich et La Résistible Ascension d’Arturo Ui. L’intimidation et le racket ont permis à un chef d’une bande de gangsters d’imposer sa loi et devenir le maître du trust du chou-fleur. Brecht revient ainsi sur la prise de pouvoir d’Hitler en Allemagne en transposant son histoire dans le milieu du crime à Chicago aux États-Unis. Sur scène, « le comique doit se mêler à l’horreur. Jouer les méchants, c’est très jouissif ».

  • Mercredi 24 et jeudi 25 janvier à 19h30 à la chapelle Saint-Louis à Rouen. Entrée libre. Réservation au 02 35 98 45 05.