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Théâtre lyrique au Volcan : La Traviata, une femme libre, drôle et passionnée

Photo Pascal Gely

Benjamin Lazar, Florent Hubert et Judith Chemla ont écrit une Traviata en s’inspirant de l’opéra de Verdi et du roman d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias. Avec ce spectacle, joué du 9 au 13 avril au Volcan au Havre, ils entrent dans l’intimité de Violetta et les méandres de ses pensées.

Photo Pascal Gely

Elle a eu une existence brève mais intense. En littérature, elle est devenue La Dame aux camélias. Alexandre Dumas fils, son ancien amant, raconte dans ce roman, publié en 1848, l’histoire d’Alphonsine Plessis, rebaptisée par elle-même Marie Duplesis, sous les traits de Marguerite Gautier. Après une adaptation théâtrale en 1852, Verdi composé un opéra, La Traviata, créé en 1853 à la Fenice de Venise. Seulement six ans après la disparition de la belle courtisane. « C’est quasiment unique », remarque Benjamin Lazar, metteur en scène. « C’est une des clés qui fait la réussite de l’opéra ».

Pas de doute, la vie et la personnalité de Marie Duplessis inspirent. Femme considérée comme dévoyée et entretenue par un riche baron, Violetta, dans La Traviata, aime le luxe et les plaisirs de la vie, les goûte sans modération pour oublier sa maladie. Lors d’une fête, elle se laisse séduire par Alfredo qui lui propose de découvrir les petits bonheurs simples loin de tous tourbillons parisiens. Or Giorgio, le père d’Alfredo, regarde cette liaison d’un mauvais œil et lui demande de renoncer à son amour. Violetta  accepte, se retrouve ruinée et seule, avec unique compagne, sa maladie qui la ronge. Les retrouvailles avec Alfredo et son pardon ne seront pas suffisants pour lui donner des forces. Violetta meurt dans les bras d’Alfredo.

« Une professionnelle de la fête »

Dans Traviata, vous méritez un avenir meilleur, interprété du 9 au 11 avril au Volcan au Havre, la comédienne et chanteuse Judith Chemla, le musicien Florent Hubert et Benjamin Lazar éclairent différentes facettes de Violetta, percent sa personnalité mystérieuse. C’est une femme extravertie qui revendique une liberté. « Elle connaît des moments d’intense bonheur mais vacille toujours entre la l’amour et la mort ». Violetta a aussi beaucoup d’humour. « Elle crée de la joie autour d’elle. En fait, c’est une professionnelle de la fête ». Ce qui ne l’empêche pas de sacrifier sa vie. « Violetta a acquis une place qu’elle n’aurait jamais dû avoir. L’amour la fait basculer dans un autre monde mais la réalité sociale lui rappelle que ce n’est pas possible », remarque Benjamin Lazar.

Il y a en effet un air de tragédie dans ce sous-titre, vous méritez un avenir meilleur. « Violetta est une femme qui ouvre une voie différente, explique le metteur en scène. Elle porte des revendications et finit par se résigner. Elle accepte que cet homme n’est pas pour elle parce que la société n’est pas pas capable de cela. Tout en se pensant qu’un jour ce sera possible. Il y a une notion de sacrifice mais Violetta ne veut pas être une victime que l’on regarde mourir. Elle se projette d’une manière étrange. Elle écrit quelque chose pour les temps futurs. Elle fait une projection sur les autres femmes. Elle leur dit : je vous donne un portrait et vous devrez le porter aux futures femmes ».

Cette Traviata de Judith Chemla, Florent Hubert et Benjamin Lazar remonte aux sources de cette histoire bouleversante. Elle mêle le roman d’Alexandre Dumas fils et l’opéra de verdi, passe du parlé au chanté, fait entendre le français et l’italien. Et ce en toute liberté. Les chanteurs et les huit instrumentistes, tels des acteurs de la pièce, se partagent le même espace scénique. Tous sont les invités de cette fête parisienne qui se termine en tragédie.

Les dates

  • Lundi 9 et mercredi 11 avril à 19h39, vendredi 13 avril à 20h30 au Volcan au Havre. Tarifs : 33 €, 9 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com
  • Mardi 10 avril à 18h30 à l’UFR des Lettres et sciences humaines au Havre. Entrée libre
  • Mercredi 11 avril : visite tactile des décors pour les personnes aveugles et malvoyants avant la représentation