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Théâtre : Marcel Bozonnet, seul avec « La Princesse de Clèves »

photo Elisabeth Carecchio
photo Elisabeth Carecchio
photo Elisabeth Carecchio

C’est une histoire d’amour et de passion. Marcel Bozonnet, comédien, metteur en scène, ancien directeur du conservatoire de Paris et ex-administrateur de la Comédie-Française, joue tous les personnages de La Princesse de Clèves depuis plus de 20 ans. Dans ce livre, paru en 1678, Madame de La Fayette décrit les sentiments amoureux, ses étapes et ses effets. Marcel Bozonnet est mardi 26 avril au centre Voltaire à Déville-lès-Rouen et jeudi 28 avril au théâtre de l’Arsenal à Val-de-Reuil. Entretien.

 

Cela fait plus de 20 ans que vous jouez La Princesse de Clèves. C’est une véritable histoire d’amour avec ce roman ?

Oui, c’est tout à fait cela. J’ai tout d’abord travaillé ce texte pour un ami musicien, Alain Zaepffel, qui cherchait des textes ayant un rapport avec la musique écoutée sous Louis XIII. Au départ, entouré d’un quatuor, je lisais 3 ou 4 pages de La Princesse de Clèves. Cela m’a conquis. Puis, il y a eu un CD. En effectuant les enregistrements, je me suis persuadé que je ne me lasserai jamais de ce roman. Cela s’est révélé. Comme j’ai été amené à diriger plusieurs structures, ce texte qui demande une réelle exigence m’a permis de ne jamais perdre mon niveau de jeu.

 

Est-ce que vous craignez de le perdre ?

Oui, c’est vrai dans tous les domaines. C’est ce que j’ai pu observer. J’ai eu la chance de rencontrer Rudolf Serkin (pianiste autrichien, ndlr) qui tenait encore des récitals à plus de 80 ans dans des salles de 2 000 personnes. Il faut conserver sa technicité. Sur scène, vous êtes jugé sur le niveau technique. Vous êtes aussi sensé approfondir l’œuvre. C’est un véritable sport.

 

Pourquoi avez-vous eu ce sentiment de ne jamais vous lasser de La Princesse de Clèves ?

Ce sont les problèmes des grandes partitions, des grands textes. Vous les lisez mais votre esprit ne peut pas tout entendre, tout percevoir en même temps. Régulièrement, je découvre des phrases par ci, par là. Quand on travaille un texte, vous marchez sur les pas de quelqu’un d’autre, il y a toujours des choses qui vous échappent. Par ailleurs, vous jouez devant un public différent chaque soir. L’écoute change et l’acoustique n’est pas la même.

 

C’est la langue de Madame de La Fayette que vous souhaitez avant tout faire entendre.

Oui, c’est la langue. La Princesse de Clèves est un des sommets de la langue française. Il y a un équilibre entre la forme et le fond. C’est une écriture qui atteint un point de perfection, dont le sujet est très profond et beau. Quand vous avez passé le début du roman qui est une description de la cour, ce livre raconte une belle histoire. Madame de La Fayette fait une description de la passion. Il n’y a guère que Marguerite Duras qui a réussi quelque chose de cet ordre dans le roman de la passion. Dans La Princesse de Clèves, on trouve encore des renseignements toujours actuels sur la passion, sur le risque que cela représente, sur la peur du désir.

 

Est-ce seulement un roman sur le désir ?

Je ne sais pas. A la fin du roman, elle renonce. Elle a peur de son désir. L’autre a un prix et elle ne veut pas payer ce prix. C’est surtout cela la leçon.

 

 

 

  • Mardi 26 avril à 20 heures au centre Voltaire à Déville-lès-Rouen. Tarifs : de 16 à 11 €. Pour les étudiants : carte culture. Réservation au 02 35 68 48 91 ou sur www.dullin-voltaire.com
  • Jeudi 28 avril à 20h30 à l’Arsenal à Val-de-Reuil. Tarifs : 15 €, 10 €. Réservation au 02 32 40 70 40 ou sur www.theatredelarsenal.fr