Un ancien trader fait son examen de conscience

photo : Simon Gosselin

La compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur adapte Le Marteau et la faucille, un texte de Don de Lillo, mis en scène par Julien Gosselin, qui dénonce les excès du capitalisme financier. C’est mardi 15 juin au Rayon vert à Saint-Valery-en-Caux.

Joseph Drouet est seul sur scène. Il est assis devant un micro et une caméra qui le filme en gros plan. « C’est très compliqué. Je ne suis pas un acteur très calme. Avec ce choix, Julien (Gosselin, metteur en scène, ndlr) sait dans quelle situation d’inconfort il me met. Cet inconfort fait partie du spectacle. Je suis piégé et je lutte avec ma mémoire et ma concentration. Je laisse passer dans les mains et les jambes tout ce qui vient pour faire entendre le texte et le rythme de la parole. C’est très musical ».

Le comédien de la compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur tient là le rôle d’un ancien trader, Jerold Bradway, Jerry, pour ses co-détenus. L’homme est en effet en prison. Comme beaucoup qui ont joué et fait fortune avec des fonds spéculatifs. La crise de 2008 a été un tsunami pour une grande partie de la population. Don De Lillo, écrivain américain, dépeint ces personnes qui se croyaient toutes puissantes. Dans Le Marteau et la faucille, il raconte la solitude d’une journée à regarder le ciel et se souvenir d’une vie perdue.

Une grande respiration

« C’est un très beau texte écrit sous la forme d’une nouvelle. Il est plutôt massif. Au début, je ne savais qu’il allait pouvoir faire théâtre. Julien a eu une très bonne intuition. Il y a des monologues entrecoupés de narrations et de dialogues, beaucoup de passages de descriptions sur le paysages et l’humeur de tous », remarque Joseph Drouet.

La Marteau et la faucille peut être une confession ou un interrogatoire. Jarold Bradway « essaie de se défendre, de justifier son comportement. Il a encore de l’espoir parce qu’il espère sortir de prison. Il fait partie d’une catégorie de personnes que je n’apprécie pas. Cet homme a une famille alors je lui donne une sensibilité. Je peux me sentir proche de lui parce qu’il est perdu. Comme nous pouvons parfois l’être ». Joseph Drouet joue Le Marteau et La faucille comme il prend une profonde respiration.

Infos pratiques

  • Mardi 15 juin à 20 heures au Rayon vert à Saint-Valery-en-Caux
  • Tarifs : de 19 à 10 €
  • Réservation au 02 35 97 25 41 ou sur www.lrv-saintvaleryencaux.com
  • Photo : Simon Gosselin