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« Der Freischütz » de Weber : un conte romantique et magique


Opéra romantique allemand, Der Freischütz, composé par Weber, se joue entre le réel et l’imaginaire. La compagnie 14:20, Insula Orchestra, le chœur Accentus en donnent leur version vendredi 1er et dimanche 3 mars au Théâtre de Caen pour l’ouverture du festival Spring.

Pour la compagnie 14:20, c’est une première. La cheffe, Laurence Équilbey a fait appel Clément Debailleul et Raphaël Navarro, tous deux pionniers de la magie nouvelle, pour mettre en scène Der Freischütz. Cette pièce lyrique, composée par Carl Maria von Weber (1786-1826) et créée en juin 1821 au Königliches Schauspielhaus de Berlin, est leur premier opéra. « C’est une continuité dans notre travail, remarque Clément Debailleul. La musique a toujours eu un rôle central dans nos spectacles sans paroles. Il y a une parenté évidente. Une nouvelle fois, nous nous sommes mis au service de la musique » et aussi d’un conte fantastique.

Der Freischütz (Le Franc-tireur), créé les 1er et 3 mars au Théâtre de Caen avec Insula Orchestra et Accentus, dirigés par Laurence Équilbey, est une adaptation d’une nouvelle. L’histoire se déroule au XVIIe siècle en Bohème. Après avoir perdu à un concours de tirs, Max, le jeune garde-chasse du Prince, doit gagner la prochaine compétition pour pouvoir épouser Agathe, la jeune fille dont il est amoureux. Pour assurer sa victoire, il accepte les sept balles magiques de Kaspar, le forestier qui a vendu son âme au diable, Samiel. Max ignore que la dernière obéira à la volonté de cette créature maléfique et sera destinée à Agathe. 

Une œuvre fondatrice

Der Freischütz, construit comme un singspiel, est considérée comme l’œuvre fondatrice de l’opéra romantique allemand. Weber écrit là une partition audacieuse pour l’époque dans laquelle se mêlent nature fantastique, magie noire, rituel étrange, chevalerie… « Dans Der Freischütz, nous sommes entre deux mondes. La magie arrive dans la dialectique entre le réel et le surréel ». Pour dessiner cette atmosphère mystérieuse, Clément Debailleul et Raphaël Novarro s’appuient sur l’illusion, les hologrammes et la vidéo, jouent sur le noir et le blanc, avec juste quelques éclats de couleurs.

Les deux fondateurs de la compagnie 14:20 ont commencé par avoir « une approche sensorielle de l’œuvre de Weber. C’est comme cela pour chaque spectacle. Le rythme nous a amenés à des images. C’est important parce que cela peut s’apparenter à une dimension théâtrale. Il y a eu ensuite le livret et toutes ces questions sur la manière dont la communauté de chasseurs entre dans un rapport de prédation, de cyclicité. Elle reproduit les mêmes erreurs et dégrade la nature ».

Clément Debailleul

« Traverser les époques et les cultures »

Pour les deux metteurs en scène, Agathe, cette une héroïne amoureuse n’est pas aussi naïve, Ils l’ont imaginée telle une Cassandre qui est la seule à « percevoir la dégradation de la nature. Elle est poreuse et sait que quelque chose ne tourne pas rond ». Max est un « héros abîmé et influençable ». Kaspar, quelque peu « attendrissant » se lance dans « une vengeance aveugle. Il n’a pas de possibilité d’évolution ». Quant à Samuel, il est « entre l’homme et l’animal, un être imprévisible ».

Dans cette nouvelle création, Clément Debailleul et Raphaël Novarro ont souhaité tirer un fil universel. « Nous avons traversé les époques et les cultures pour faire exister une œuvre dans le temps. Celle-ci doit porter en elle quelque chose d’actuel afin que la partition de Weber et notre vision se rencontrent ». Après cette première expérience, la compagnie 14:20 a bien « envie de poursuivre dans le milieu de l’opéra ».

Infos pratiques

  • Vendredi 1er mars à 20 heures, dimanche 3 mars à 17 heures au Théâtre de Caen, 135, boulevard du Maréchal-Leclerc à Caen.
  • Réservation au 02 31 40 48 00.