Un « Hymne à la joie » à deux pianos

photo : Christelle Dupuich

Le conservatoire de Rouen propose dans une vidéo des extraits de la Symphonie n°9 de Beethoven, entrecoupés d’interviews des interprètes, Ursula von Lerber et Christian Erbslöh, pianistes, Philippe Bajard, timbalier, Xavier Legasa, Philippe Chandor, Eve Dermien-Delfont et Maria Goso, les quatre chanteurs et chanteuses.

Pas de Méridienne mais une captation. Dans le cadre de la semaine consacrée à La Musique, ça se recycle, le conservatoire de Rouen souhaitait partager un Hymne à la joie pour commencer cette nouvelle année 2021. Aux pianos, Ursula von Lerber et Christian Erbslöh devaient interpréter la Symphonie n°9 de Beethoven. « On ne donne pas souvent cette symphonie dans un conservatoire parce qu’il y a comme un défi ».

C’est une partition transcrite par Franz Liszt pour deux pianos, timbales et un quatuor vocal qui a été choisie. « À cette époque, nous sommes dans une logique de transcriptions afin de pouvoir faire vivre la musique dans les salons. Celles avec deux pianos sont en plein essor. Liszt estimait qu’il n’arrivait pas à tout dire avec un seul piano et que deux pianos faisaient plus de bruit », indique Christian Erbslöh.

Une autre appropriation de l’espace

Un challenge, en effet, qui a été relevé, mais pas comme il avait été imaginé. Le concert, programmé lors d’une Méridienne le 15 janvier 2021, a été enregistré dans l’auditorium du conservatoire en seulement trois heures. Un défi et une réelle expérience pour les interprètes : « il n’est pas possible d’avoir la même attitude. Nous sommes là et nous jouons pour des caméras. Avec le public, nous nous servons de son énergie. Parfois, nous sommes moins dans le contrôle. Là, nous sommes dans un rapport à l’immédiateté complètement différent », explique le pianiste. Autre particularité : « L’appropriation de l’espace change. Il a fallu se demander vers où il était possible de se projeter. Quand le public est dans la salle, nous savons où va notre intention, notre envie ».

Cette partition de Liszt réunit Ursula von Lerber et Christian Erbslöh, également enseignants, Philippe Bajard, fidèle compagnon du duo et timbalier au sein de l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, quatre chanteurs et chanteuses, dont deux élèves, Xavier Legasa, Philippe Chandor, Eve Dermien-Delfont et Maria Goso. Toutes et tous en donnent une version délicate, parfois incandescente. La difficulté pour les deux pianistes : « la gestion du silence. Il a fallu trouver la bonne manière de couper l’énergie de Beethoven, de structurer les discours ».

Cette vidéo de 53 minutes n’est pas le concert mais un regard sur ce travail, une démarche artistique. « Nous avons voulu raconter cette aventure humaine ». Les extraits de la Symphonie n° 9 de Beethoven sont ponctués d’explications de la démarche par Claude Brindel, directeur du conservatoire, et d’interventions des interprètes qui partagent leur sentiment sur la musique du compositeur allemand et sur leur interprétation.

Il y aura une suite à cette captation. « Ce travail nous a beaucoup nourris » et permet de garder le lien avec le public.

  • photo : Christelle Dupuich