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Un making-of et un premier bilan du 55

L’équipe du 55, emmenée par Amélie Chalmey et Angelo Jossec, propose un retour sur le festival exceptionnel de l’été 2020 avec un court-métrage qui sera projeté deux fois vendredi 23 octobre au théâtre des Deux-Rives à Rouen.

Ils ont terminé « dans un grand état d’épuisement » mais ravis. Ravis d’avoir réussi ce pari fou de réunir les conditions à la création de 55 propositions artistiques pendant cet été 2020 dans l’agglomération rouennaise, au Havre, à Dieppe… Amélie Chalmey et Angelo Jossec, tous deux fondateurs et metteurs en scène de leur compagnie, Alchimie et Théâtre des Crescite, sont à l’initiative du 55 qui a permis à des artistes d’horizons différents de se rencontrer sur un même projet selon des règles bien établies. Le principe : un meneuse ou un meneur de projet rassemble quatre artistes de disciplines différentes le matin pour partager le fruit de leur travail le soir. Pour revivre quelques moments du 55, un making-of sera présenté vendredi 23 octobre au théâtre des Deux-Rives à Rouen. 

Il y a donc eu 55 gestes artistiques, comme autant de jours de confinement, et avant 5 semaines de préparation. « Nous avons vécu tout cela comme quelque chose de très intense, de fulgurant. Nous étions dans une surprise permanente, dans la fédération des artistes, des techniciens, des bénévoles. Cela nous a aidée à nous dépasser. L’énergie que le 55 a créée nous a portés », se souvient Amélie Chalmey.

« Comme nous étions toujours sur le vif, en train gérer les choses au quotidien, nous n’avons pas pu prendre du recul sur ce que nous étions en train de vivre. Quand je suis revenu de vacances, j’ai eu l’impression d’avoir vécu quelque d’irréel, d’avoir été déconnecté du temps. Ce sont les chiffres qui nous ont donné la mesure de l’événement », ajoute Angelo Jossec.

5 000 spectateurs et spectatrices

Les chiffres sont éloquents : 55 propositions artistiques, donc, portées par 148 artistes, 58 bénévoles et 29 partenaires financiers dans 35 lieux différents. « Avec notre principe, qui veut, vient et fait, nous avons réuni autant de meneuses et de meneurs de projets. Ce fut 50-50. Cela s’est fait de soi », se réjouit le metteur en scène. Les jauges dépassent les 90 %. Le 55 a accueilli 5 000 personnes . « Nous ne pensions pas qu’il soit aussi suivi par le public. Celui-ci toujours été bienveillant avec les propositions. Nous étions à chaque fois à des endroits de fragilité », remarque Angelo Jossec.

Même satisfaction de la part des artistes. «  Ils nous ont tous remerciés sincèrement. Le 55 a permis cela : créer est toute liberté et non pas dans une contrainte. Ce qui est très stressant pour les artistes. C’est juste un geste artistique. Nous avons permis le décloisonnement des disciplines artistiques », rappelle Amélie Chalmey. « Cet endroit n’existe pas : la rencontre par le plateau. C’est une rencontre efficiente. Celle qui donne envie de reproduire » selon Angelo Jossec.

Avant et pendant le 55, la metteuse et le metteur en scène ont partagé ensemble une belle expérience. « Le 55 a révélé une complicité entre Angelo et moi. Nous avons toujours été dans un dialogue. Ce fut quelque chose de constant. Nous étions partis pour présenter un petit truc, tous les deux en dehors de nos compagnies. Comme une lecture… Cet événement a pris la forme d’un festival. Un mot que nous avons assumé au mois d’août. Nous ne pouvions imaginer la réactivité du secteur. Cela nous a sidérés. Face à une crise de cette ampleur, nous pouvons avoir de grandes capacités de réaction », confie Amélie Chalmey. 

« Cela me pose des questions sur la pratique de nos métiers en terme de temporalité. C’est long de mettre en production un projet. Il faut convaincre. Je ne critique pas le système. Cela met parfois tellement de temps entre l’envie et sa réalisation… », interroge Angelo Jossec. Tous les deux ont fait « la rencontre avec la langue des signes. Cela change les regards ». Le metteur en scène émet le souhait de « créer un spectacle avec cette pratique ».

Y aura-t-il un 55 lors de l’été 2021 ? « La réponse ne nous appartient pas, estime la metteuse en scène d’Alchimie Compagnie. Nous avons réagi de manière exceptionnelle à une situation exceptionnelle ». 

Infos pratiques

  • Projections du making-of, vendredi 23 octobre à 18 heures et 19h30 au théâtre des Deux-Rives à Rouen.
  • Gratuit
  • Réservation au www.cinquantecinq.com