« Un Sacre » pour des paroles rares

photo : Romain Thiéry

La Brèche vient réparer… Lorraine de Sagazan et de Guillaume Poix montrent dans Un Sacre tous les bienfaits et toute la magie du théâtre après un choc, un chagrin, un traumatisme. Cette nouvelle création est à voir du 11 au 13 octobre au CDN de Normandie Rouen.

Il y a un lien entre ces deux créations, L’Absence de père, une lecture de Platonov de Tchekhov, et Un Sacre, jouée du 11 au 13 octobre à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan. La pièce du dramaturge russe se termine avec une phrase bien connue. À la question, « Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? », Nicolaï répond : « Enterrer les morts et réparer les vivants ». Il est en effet question de réparation dans la nouvelle pièce de théâtre de La Brèche, la compagnie de Lorraine de Sagazan, artiste associée au CDN de Normandie Rouen.

Pour l’écrire, un travail partagé avec Guillaume Poix, la metteuse en scène a souhaité 365 rencontres. « 365, c’est autant de personnes que de jours, pour moi, gâchés par la crise sanitaire ». Pendant ces conversations, il y a eu un sujet récurrent. « Beaucoup nous ont parlé des absents, de deuil. Dans notre société, il y a un déni total de la mort. Le rationalisme ne s’interroge pas et la met à distance ». Ce sont aussi des témoignages de la violence d’une époque.

« Prendre soin »

Lorraine de Sagazan a ainsi reçu de nombreuses confidences de la part de « gens qui ont des vies ordinaires et qui ne savaient pas quoi faire de leur histoire ». Elle s’est demandé ce qu’il pouvait « se passer entre la personne et soi. Qu’est-ce que cet espace vide, cet invisible quand on se parle ? C’est là que l’écriture s’effectue. Le réel n’est pas possible à appréhender. C’est une vision subjective, sublimée. En revanche, on peut produit du réel avec l’espace performatif ». C’est le théâtre.

À toutes ces histoires qui se répondent et se traversent avec différents langages, Lorraine de Sagazan leur imagine une cérémonie, Un Sacre. Neuf comédiennes et comédiens portent un récit qui ne leur appartient pas. « Ils sont à l’image de ces pleureuses antiques, ces femmes engagées pour porter le chagrin et verser de vraies larmes. Il n’y a rien d’austère et de morbide. Un groupe est là pour prendre soin de ces histoires lumineuses où les vivants et les morts cohabitent. L’absence n’est pas le vide ».

Infos pratiques

  • Lundi 11, mardi 12, mercredi 13 octobre 2020 à 20 heures à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan. Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du mardi 12 octobre. Tarifs : 20 €, 15 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • Jeudi 16 décembre à 20 heures et vendredi 17 décembre à la Scène nationale 61 à Alençon. Tarifs : de 20 à 8 €. Réservation au 02 33 29 16 96 ou sur www.scenenationale61.com
  • Durée : 2h40
  • Spectacle à partir de 15 ans
  • photo : Romain Thiéry