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Une femme ordinaire en pleine dérive morale

C’est un spectacle entre fiction et documentaire. Le Fils revient sur les radicalisations religieuses. La compagnie L’Unijambiste confie le rôle de la mère à Emmanuelle Hiron. Elle joue lundi 4 et mardi 5 février au Kubb à Évreux.

Elle est une femme ordinaire. Pharmacienne, comme son mari, elle habite en province et n’a pas une vie exaltante. Sans vraiment l’avoir décidé, elle va se laisser emmener par son époux sur des chemins risqués. « Jusqu’à présent, elle est absente des mouvements de droite. Elle est même plutôt proche de la gauche, indique la comédienne Emmanuelle Hiron. Elle  devient militante pour des causes pour lesquelles elle n’a pas vraiment réfléchi. Elle suit son mari et ne s’offusque de rien ». Cette femme va glisser dans le fanatisme religieux.

« Elle revendique des choses et impose alors une manière de vivre. Elle ne s’aperçoit pas des conséquences de ses actes. C’est cela qui va créer son propre drame ». Elle va s’engager dans des groupes anti-avortement, anti-mariage pour tous… Ces engagements lui donneront une raison de vivre, le sentiment d’appartenir à un groupe.

Pour narrer l’histoire d’une femme qui dérive dans le militantisme, David Gauchard fait appel à Marine Bachelot Nguyen. Le metteur en scène est choqué par la violence des paroles et des actes des participants à la manifestation contre la pièce de Roméo Castelluci et le suicide d’un jeune homosexuel. L’autrice, spécialiste des questions post-coloniales et féminines, se documente, récolte des témoignages et écrit Le Fils, un titre trompeur puisqu’il est avant tout question de la mère. Une mère qui prend la parole parce qu’elle vient de vivre un moment tragique.

Une femme complexe

Emmanuelle Hiron joue cette femme complexe. Elle sera lundi 4 et mardi 5 février au Tangram à Évreux. « J’ai beaucoup aimé ce texte. Le personnage parle à la première et troisième personne. Comme s’il se mettait à distance pour mieux se raconter. Marine Bachelot Nguyen ne condamne pas. Elle parle d’une femme, sensible et humaine, tout en racontant la violence de ce mouvement et des pensée. Et cette violence n’est en rien caricaturale ». Sur scène, pas d’incarnation. « Il faut faire confiance au texte ».

Avec Le Fils, Emmanuelle Hiron revient à un théâtre documentaire. « Il y a quelques années, j’ai souhaité m’éloigner du théâtre classique et m’ancrer dans la réalité. Le théâtre est un lieu de réflexion que l’on partage avec un public. J’ai besoin de cela, de convoquer des passions. Nous sommes dans une période assez dure et c’est choquant. Ce personnage existe dans la société. Ce n’est pas une folle et sa pensée se répand de plus en plus ».

Infos pratiques

  • Lundi 4 et mardi 5 février à 20 heures au Kubb à Évreux.
  • Tarifs : de 16 à 5 €. Pour les étudiants :  carte Culture.
  • Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com