/

Une histoire sans mot pour exprimer les non-dits

C’est un repas de famille. Là, pas de mot, juste des gestes et des regards qui disent beaucoup. La Compagnie du Dagor poursuit son travail sur la non-parole dans Parler La Bouche pleine dimanche 9 février au Drakkar à Neuville-lès-Dieppe.

Avec Parler La Bouche pleine, Julien Bonnet a composé un tableau. Il l’a voulu vivant, en mouvement et proche de l’univers singulier de Roy Andersson. Autour d’un table se retrouve une famille. Il manque encore un des membres qui téléphone pour dire qu’il arrive ou ne va pas tarder à arriver ou encore ne pas arriver du tout. Tous sont suspendus à cette sonnerie qui rythme le repas. Cette absence va réveiller les non-dits.

Des non-dits et des sentiments qui ne seront pas exprimés par des mots. Dans Parler La Bouche pleine, Julien Bonnet explore à nouveau cette non-parole. « J’ai tendance à penser que l’on parle trop, que l’on explique trop les choses. On répète beaucoup. On fait un rappel, puis un rappel du rappel… Au théâtre, on peut raconter une histoire en faisant fonctionner un imaginaire. Il fait faire confiance au spectateur qui s’inventer son propre trajet ».

Une comédie burlesque

Autour de la table, le père, la mère, les enfants, l’amoureux de la fille et la tante se regardent, replacent un verre, ramassent des miettes, se lèvent… Il arrive que les assiettes virevoltent et les couverts volent. Tant de mouvements qui créent une chorégraphie burlesque et tragique.

Dans Parler la Bouche pleine, Julien Bonnet vient interroger la notion de la famille, la place de chacun en son sein, et la solitude des êtres. « Aujourd’hui, on fait tout pour ne pas se sentir seul. C’est une des grandes frayeurs de notre époque. Pourtant, il y a quelque chose de beau dans la solitude. Tout n’est pas négatif. De toute façon, nous finissons tous seuls. Alors, autant en rire ».

Dans ce travail sur la non parole, le metteur en scène s’intéresse aussi au langage au théâtre. « J’ai amené les comédiens à ne pas parler. Nous sommes partis d’un texte de Thomas avec des monologues. C’était une matière commune qui a permis de construire des personnages, de travailler une gestuelle ». À cette table, chacun pourra ainsi « parler la bouche pleine ».

Infos pratiques

  • Dimanche 9 février à 10h30 au Drakkar à Neuville-lès-Dieppe.
  • Tarif : 12 €.
  • Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr