Une lecture sombre de « Simon Boccanegra »

photo : Marion Kerno

L’amour se mêle à la politique dans Simon Boccanegra. Dans cet opéra de Giuseppe Verdi, mis en scène par Philipp Himmelmann, les vieilles blessures ne peuvent entraîner que des trahisons. C’est la dernière production lyrique de cette saison 2020-2021 qui se joue du vendredi 11 au mardi 15 juin à l’Opéra de Rouen Normandie.

Simon Boccanegra est un corsaire au long cours. Il ne va pas vraiment maîtrisé son destin. « C’est un jeune homme plein d’énergie, d’idées et de convictions. Il va connecter sa vie privée à une vie publique pour surmonter un drame », commente Philipp Himmelmann. L’histoire, inspirée de faits réels n’est pas simple. « Elle n’a pas une construction linéaire. Tout est lié au hasard, à l’imprévu. C’est assez moderne à cette époque. C’est aussi une autre conception de la vie, de la réalité ».

Le marin Simon Boccanegra, animé par des sentiments contraires, devient doge de Gênes. Une nomination qu’il n’a pas souhaitée avant de se laisser convaincre. Elle va lui permettre d’épouser la belle Maria, la fille d’un noble, Fiesco, retenue prisonnière après avoir mis au monde Amelia. Or, la fillette a disparu de façon mystérieuse et la jeune femme s’est éteinte.

Vingt-cinq ans plus tard, Amelia qui se croit orpheline s’inquiète pour son fiancé, Adorno, a priori impliqué dans le stratagème visant à détrôner Simon Boccanegra. Ce dernier rencontre la jeune femme et la reconnaît. Il refuse alors le mariage entre Amelia et Paolo, son favori, qui décide de l’enlever. Adorno, jaloux de Paolo, veut empoisonner le doge. Amelia qui lui annonce son lien avec Simon Boccanegra arrive trop tard. Dehors, la foule des nobles gronde toujours. Simon a juste le temps de bénir l’union d’Amelia et Adorno qu’il désigne comme son successeur. « Quand l’homme prend conscience de l’amour qu’il porte à son enfant, le politicien sera sur le déclin et transmet son pouvoir. Il veut se libérer de ce poids et place un espoir dans le futur ».

Un lien avec aujourd’hui

Philipp Himmelmann s’empare du récit de Simon Boccanegra, un opéra de Giuseppe Verdi, créé le 12 mars 1857 à La Fenice de Venise, joué du 11 au 15 juin à l’Opéra de Rouen Normandie par l’orchestre, dirigé par Antonello Allemandi. « Verdi a composé une musique intense et colorée. Il y a beaucoup de langages différents avec des moments subtils, intimes, tendres, puis très dramatiques ». Le metteur en scène transpose l’histoire dans les années 1990. « Je cherche toujours un lien avec la société contemporaine. J’ai pensé à ce qu’il s’est passé en Europe, aux révolutions de cette décennie ».

Il fait une lecture très sombre de ce Simon Boccanegra. Il installe les personnages dans un palais pas du tout accueillant. Là, des murs gigantesques, tapissés de motifs austères. Pas de fenêtres. Seulement de grandes portes qui donnent le vertige. La mer est juste évoquée sur un tableau. C’est là que tout se déroule : la pendaison de Maria, les rendez-vous entre Simon et son favori, les retrouvailles entre Amelia et son père, les trahisons… Il y a ainsi peu d’espoir pour tous ceux qui cherchent la liberté et l’amour.

Infos pratiques

  • Vendredi 11 juin à 19 heures, dimanche 13 juin à 16 heures, mardi 15 juin à 19 heures au Théâtre des Arts à Rouen.
  • Durée : 3 heures
  • Tarif : 10 €
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
  • Photo : Marion Kerno