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Zone libre au Havre

zone_libre1Serge Teyssot-Gay entretient des relations étroites avec les musiciens havrais. Tout naturellement, il vient vendredi 13 septembre inaugurer Le Sonic, nouveau pôle de répétition dédié aux musiques actuelles imaginé par le centre d’expressions musicales. Le guitariste, cofondateur de Noir Désir, joue avec cette formation à géométrie variable, Zone libre. Il interprète avec Cyril Bilbeaud des musiques instrumentales et improvisées à partir d’émotions ressenties dans la ville du Havre et dans ce nouveau lieu, Le Sonic.

 

 

 

Quel lien avez-vous avec Le Havre ?

Des liens anciens… Cela remonte à Noir Désir lorsque l’on tournait avec les City Kids (groupe havrais des années 1980 et début 1990, ndlr). Nous nous sommes liés d’amitié. Ensuite, j’ai rencontré Little Bob qui a fait des apparitions lors de nos concerts. J’ai également joué avec lui sur certaines dates et sur des albums. Il y a eu aussi la rencontre avec Olivier Durand qui accompagne Elliot Murphy. J’ai fait des interventions avec Pascal Lamy (directeur pédagogique du CEM, ndlr) lors de rencontres avec des musiciens. Et bien évidemment, il y a Jean-Philippe Rousseau (régisseur et chef de projet du Sonic, ndlr) avec qui j’ai tourné pendant des années. C’est donc une vieille histoire.

 

Que ressentez-vous dans cette ville du Havre ?

J’adore la ville du Havre, les vibrations qu’elle procure. C’est peut-être lié aux personnes que je côtoie depuis plus de vingt ans. J’ai un bon feeling avec elles. Il n’y a pas de faux-semblant. J’aime aussi l’ambiance portuaire, l’architecture. La ville est très aérée, pas très haute. Et il y a cette plage en plein centre ville, c’est étonnant.

 

Est-ce que les villes vous inspirent en général ?

Pour un travail d’improvisation, j’essaie surtout d’être en écho avec l’endroit où je suis. Je me rends davantage compte de cela lorsque je suis à l’étranger. Hors de France, je dois déplacer ma musique parce que des choses résonnent différemment, parce qu’il y a d’autres vibrations. Lors de ces concerts, c’est comme si on répondait aux personnes qui sont présentes. C’est un échange d’informations. On donne des informations émotionnelles.

 

Cela demande alors une grande disponibilité d’esprit.

Il faut être à l’écoute. Dans tous les cas, la meilleure improvisation est celle qui n’a pas été préparée. Il faut donc faire le vide le plus possible avant de jouer. Les dix premières minutes déterminent le concert. J’essaie là de prendre la mesure de l’endroit où je suis. Cela me met dans un autre état. Pour cela, il faut rentrer dans le concert le plus simplement possible, le plus humblement possible.

 

Au Havre, vous jouez avec Cyril Bilbeaud. A deux, est-ce un dialogue ?

Pas forcément. Nous avançons comme deux lignes en parallèle. On se repose l’un sur l’autre. Nous sommes très à l’écoute l’un de l’autre. En fait, le lieu, le public, Cyril deviennent ma partition. Ce sont différents paramètres qui se mélangent. C’est très  subjectif, comme histoire.

 

Prenez-vous beaucoup de plaisir à improviser de cette manière ?

J’aime beaucoup et cela nourrit mon travail, ma musique, mon langage. Je ne peux ressentir cela tout seul dans mon local ou pendant les concerts. Depuis quelques années, je ressentais le besoin de faire évoluer ma musique.