« J’ai cherché un sourire »

Huit jours, des films inédits en France issus de la production d’Europe centrale et orientale, une section sur les tziganes… Le festival A l’Est, du nouveau ouvre de nouveaux horizons cinématographiques. Lors de cette neuvième édition, il a accueilli un grand réalisateur, Istvan Szabo, artiste hongrois maintes fois primé.

 

photo Point Limite
photo Point Limite

Une reconnaissance internationale. Istvan Szabo, formé à l’école supérieure de théâtre et de cinéma de Budapest en Hongrie, a reçu un prix à Locarno pour son premier long métrage, L’Age des illusions. Ensuite un Ours d’argent à Berlin pour Confiance, un Oscar du meilleur film étranger pour Mephisto, un prix du jury à Cannes pour Colonel Redl. « Szabo est un artiste intéressant », indique David Duponchel, fondateur du festival A l’Est, du nouveau. « Il a construit une œuvre où l’on peut percevoir les mêmes thématiques qui reviennent constamment », comme la place de l’artiste dans la société, la liberté politique, les idéaux.

 

Les influences. « Quand j’ai commencé à apprendre le cinéma, j’aimais le réalisme italien de Vittorio de Sica. Puis il y a eu la Nouvelle Vague avec Claude Chabrol, Jean-Luc Godard. J’ai adoré cette poésie. C’était fantastique ». Istvan Szabo a également apprécié « Truffaut, sa poésie, son humanisme ». Puis, « j’ai vu Fellini et j’ai appris le mouvement, la lumière ». Le réalisateur hongrois a cité également Buñuel, Ozu pour « sa simplicité ».

 

Réaliser un film. « Dans le cinéma, j’ai cherché quelque chose d’unique. J’ai cherché à montrer au public une chose que vous ne pouvez pas trouver en littérature ou en peinture. J’ai cherché un sourire. Il n’est pas possible d’écrire ou de peindre un sourire parce qu’il a plusieurs phases. Le visage devient vivant, est en mouvement en fonction des émotions. Le cinéma, ce sont des personnes, des plans de personnes et de héros ».

 

L’histoire. Dans l’œuvre d’Istvan Szabo, la petite histoire se confond avec la grande. « J’ai vécu une période de l’histoire où fonctionnait une dictature. Le pouvoir avait besoin de trouver des ennemis. Or, le véritable ennemi est en nous. Il est imaginé. Il était alors possible de voir des gens qui croyaient en cette idéologie. Je m’intéresse à l’histoire sur l’histoire. Ce qui est passé ne peut être changé. Il faut alors trouvé ce qui est important à raconter ».

 

Les pays d’Europe de l’Est. Pour Istvan Szabo, né en 1938 à Budapest, « l’Europe centrale est une partie du monde unique, riche, intéressant avec des personnes qui parlent deux ou trois langues, qui ont des mentalités et des religions différentes. Elle a donné des artistes comme Kafka, Mahler. Il ne faut pas oublier que nous avons créé Hollywood. William Fox, hongrois, a fondé la Twentieth Century Fox. Billy Wilder a créé la langue de Hollywood. Mais ces pays connaissent les mêmes difficultés avec l’histoire, la politique, les idéologies qui essayent d’influencer la vie ».

 

Le palmarès

  • Grand Prix à l’Est : Métabolisme de Corneliu Porumboiu
  • Prix du meilleur acteur : Mateusz Banasiuk dans Ligne d’eau
  • Prix de la meilleure actrice : Arina Adju dans Je vais changer mon nom
  • Mention spéciale du jury : La Dernière Ambulance de Sofia de Ilian Metev
  • Prix du jury étudiant : Cercles de Srdan Golubovic
  • Mention spéciale du jury étudiant : Serge Avedikian dans Paradjanov

 

Et aussi à Lima

  • A l’Est, du nouveau est terminé à Rouen. Le festival se poursuit au Pérou à Lima pour la cinquième année consécutive. Du 7 au 17 mai, Al Este de Lima présente les mêmes films provenant d’Europe centrale et orientale et reprend les temps forts de l’édition rouennaise.