« Inoxydable » de Steve Baker

Planche Inoxydable ItalienneInoxydable de Steve Baker est un récit de science-fiction qui n’épargne pas le lecteur tant son rythme est soutenu ! Rencontre avec un orfèvre du trait et de la couleur qui n’est autre que le dessinateur de notre petit léopard Relikto.

 

 

 

Inoxydable est un pur album de science-fiction, avec un avenir du monde chaotique, les étendues spatiales, un super-héros, des robots, des créatures extraterrestres… De nouvelles voies pour vous après 4 tomes de la série d’humour La vie en slip (Dupuis) et vos collaborations avec les magazines Spirou et Pif Gadget ?

Oui. Je suis très heureux d’avoir atteint l’objectif de dessiner une bd d’aventure sans mettre l’humour au premier plan comme je l’ai fait auparavant. Et la science-fiction est idéale pour cela car c’est l’endroit où l’on peut tout se permettre, où l’on peut aborder tous les sujets. Je suis un fan de SF. J’ai découvert les romans incontournables très tôt, et mon livre préféré est Ubik de Philip K. Dick. Les questions des sociétés futures, des mondes parallèles, des dérives du capitalisme, de la mort etc. y sont abordées avec une pertinence incroyable. A notre niveau et évidemment avec moins de profondeur, nous avons quand même essayé de parler des médias, des manipulations, des faux héros…

 

Tout en gardant le fil d’une histoire fun et jouissive…

Oui, le pari était, avec Sébastien (Sébastien Floc’h, le scénariste de l’album, ndlr) de raconter une histoire de science fiction musclée, pop-corn, rock’n’roll. Et de ne surtout pas être hyperréaliste. Je préfère faire du rustique, du « gros boulons », pas trop rentrer dans le détail, aller plutôt voir du côté des architectures fonctionnelles à la Le Corbusier !

 

En construisant également un récit de SF hyper-référencé, où l’on reconnaît les univers de films comme « La guerre des étoiles » de Lucas ou « New-York 97 » de Carpenter.

Oui, clairement ! Cela tire en effet dans tous les sens !

 

Au final, pensez-vous que cet album constitue une rupture pour vous ?

Non, je ressens cela comme une continuité, même si être édité au label de Casterman Kstr est très important pour moi. Car depuis que je dessine, j’essaye de me renouveler, de trouver d’autres voies. Et avec Inoxydable, je me suis beaucoup enrichi, j’ai testé le fait de mettre plus de noir dans mes dessins, de faire des cases plus denses ! C’est un rêve d’enfant qui se réalise, et qui ouvre pour moi maintenant d’autres perspectives. Maintenant, je suis plus légitime pour proposer aux éditeurs des projets différents.

 

Quels sont vos projets ?

Dans le désordre, je continue à travailler pour Spirou en dessinant des pages-doubles de jeu et en adaptant pour le magazine papier un projet de web-série que j’avais fait pour Spirou Z,  je fais des affiches pour des festivals dont Le grain à démoudre de Gonfreville-l’Orcher ou le Salon des illustrateurs de Val-de-Reuil. Mais le projet important du moment est Bots. C’est Aurélien Ducoudray (scénariste de la série The Grocery chez Ankama, ndlr) qui m’a dit un jour « Je vois que tu dessines bien les robots. Cela te dirait de faire un road movie avec des robots ? ». Oui ! J’adore faire des robots, mais pas des mecha-robots ultra-léchés, plutôt des boîtes de conserves ! Alors il m’a proposé un parcours initiatique, une histoire de robots continuant à se battre après que la race humaine ait été décimée, et notamment l’un d’eux, suivi comme son ombre par son mécanicien, et qui ne se doute pas qu’il abrite en lui le dernier enfant de l’humanité…

 

Steve Baker, la bio…

Steve Baker respire par les poumons pour la première fois en 1979 à Rouen. Après une enfance et une adolescence qui ne regardent que lui, il intègre la prestigieuse école supérieure des arts de Saint-Luc à Bruxelles. Dès lors, son stylo se désinhibe, son trait s’assure et ses couleurs se posent. Ses premières véritables armes sont pacifiques, déjà pointées sur sa marque de fabrique, l’humour qui tue : reprise de la série Voltige et Ratatouille (Milan 2004), et scénario des Démons de Dunwich (Vents d’ouest 2007) dessiné par son ami Jurion. Mais son style affirmé et désormais caractéristique s’épanouit pleinement depuis 2009 dans la série drôlissime La vie en slip (Dupuis), son chef-d’œuvre (avant qu’un suivant peu respectueux ne le détrône) ! Scénario, dessin et couleurs portent enfin la patte Baker. Mais des dires du maître, il est temps de varier les plaisirs. Le présent Inoxydable tombe à pic et même s’il joue des décalages, l’humour passe avec succès au second plan, et ouvre le champ des possibles. Verra-t-on un jour Steve Baker suivre les chemins de l’autobiographie intimiste en noir et blanc ? Il ne faut pas exagérer quand même…

http://stevebakerfactory.weebly.com

 

Planche Inoxydable 1Inoxydable, l’histoire…

Le super-héros Pulsor, mythique et planétaire défenseur de la veuve et de l‘orphelin, vient d’être kidnappé. Qui a été capable d’une telle infamie ? Le mystère reste tellement entier qu’une solution radicale s’impose : contraindre le dangereux Harry Rockwell, incarcéré à la prison 103, de tenter le tout pour le tout en échange de sa liberté. Affublé du robot humanoïde Zip, il part donc en chasse, croisant certaines anciennes connaissances dont le faciès et le comportement valent le détour, et collectionnant les déconvenues… Jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’il vient d’être manipulé. Dès lors, tout se complique…

  • Scénario : Sébastien Floc’h, Dessin : Steve Baker, Casterman, 104 pages, 18€