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Conférence au 106 : Moondog, compositeur et guerrier viking

photo Pierre Gondard
photo Pierre Gondard

Pour Amaury Cornut, Moondog a été un coup de cœur. Ce passionné de musiques s’est vite intéressé aux compositions underground des années 1960 et 1970. Il a travaillé pendant six ans à l’écriture de la biographie de l’artiste viking (1916-1999). Il vient jeudi 16 avril au 106 à Rouen pour parler de cette musique si singulière, à la fois savante et populaire, et de ce compositeur atypique.

 

Quelle est la particularité de la musique de Moondog ?

C’est une musique qui rassemble. Moondog peut capter les jazzmen avec son phrasé, les musiciens classiques pour le côté savant, les artistes de hip-hop… La musique de Moondog est très fédératrice. Lorsque j’ai commencé à travailler sur la biographie, je n’avais mesuré l’ampleur de la tache. Pendant ces six ans, je ne me suis jamais ennuyé. C’est en fait une grande porte sur la musique du XXe siècle et au delà.

 

Pourquoi est-il si peu connu ?

Quand il est mort en 1999, il y a eu seulement deux ou trois hommages nationaux et internationaux. Moondog est peu connu parce que sa musique n’a jamais été éditée. Elle ne pouvait donc pas être jouée, avoir d’existence scénique. J’ai alors récupéré auprès de ses musiciens une centaine de partitions inédites. Moondog a eu une certaine aura et renommée à la fin de sa vie. Il a pas mal tourné en Allemagne, en Angleterre, dans les pays de l’Est. Il a été invité par Philip Glass. Tout au long de sa vie, il est resté à la marge. Il voulait être le compositeur de musique le plus sérieux du monde mais il était habillé comme un vieillard.

 

Pourquoi avait-il choisi un tel look ?

Très jeune, il est devenu aveugle. Il s’est laissé pousser les cheveux et la barbe et s’est réfugié dans la marginalité. Il avait une allure de viking parce qu’il était persuadé qu’il avait des origines scandinaves. Il a fait l’objet de comparaison christique. Il disait d’ailleurs qu’il avait perdu la foi quand il a perdu la vue.

 

Quel homme était-il ?

Je ne l’ai pas connu. Moondog était plutôt quelqu’un de solaire, un homme gentil, drôle, pragmatique, doux. Il était captivé par les gens. Il aimait les femmes et a eu deux enfants. Mais sa vie était vouée à la musique, à son travail de composition.

 

 

Quelles sont ses sources d’inspiration ?

Il s’inspirait des lieux, des gens. Il parlait beaucoup parce qu’il était très curieux. Il était friand d’histoires. Ce qui est fascinant chez Moondog, c’est sa fascination pour les musiques anciennes. Il y a un truc mystique chez lui. C’est comme s’il avait réussi à remonter le temps. Il avait aussi une passion pour les musiques tribales et traditionnelles.

 

photo Stefan Lakatos
photo Stefan Lakatos

Qui a-t-il influencé ?

C’est difficile à dire. Moondog est un compositeur cité par beaucoup de musiciens, de groupes. Cependant, moondog est un genre musical à lui tout seul. Sa musique est tellement particulière, tellement liée à son personnage. En fait, il a une influence différente sur les groupes. Il a surtout une aura chez les musiciens qui sont à la marge, qui essaie de casser les codes.

 

Ecoutez-vous régulièrement la musique de Moondog ?

Oui, quotidiennement. C’est une musique que je connais par cœur. Je dirige un ensemble qui interprète la musique de Moondog. Aujourd’hui encore, je découvre des choses nouvelles. Cette musique vient exciter le passionné que je suis.

 

  • Jeudi 16 avril à 20 heures au 106 à Rouen. Entrée libre.