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Rencontre à Rouen : Marie Nimier à l’Armitière

La sortie d’un roman de Marie Nimier reste un événement littéraire. L’écrivaine normande a écrit La Plage (Gallimard) qu’elle présente mardi 19 janvier à l’Armitière à Rouen.

 

photo Catherine Hélie
photo Catherine Hélie

C’est vers une plage embuée de mystère que Marie Nimier emmène le lecteur dans son nouveau roman, La Plage. Plombée, plutôt, devrait-on dire, car c’est une chaleur omniprésente qui hante cette contrée non identifiée. Est-ce la Corse… ? Une autre île méditerranéenne… ? Tout juste si l’on apprend qu’on y accède par ferry… Peu importe. Il fait chaud et l’héroïne connaît cet endroit. C’est tout ce qui compte. On n’en saura pas beaucoup plus car l’auteur ne donnera pas de nom à cette femme qui restera « l’inconnue » jusqu’au bout de la plage. Pas de nom, pas d’indice ou si peu ; comme si Marie Nimier voulait donner à cette histoire le caractère universel d’un conte.

 

Or donc, une (jeune) femme revient à cette plage. Une femme perturbée, pas bien dans ses tongs… « Elle n’est plus très sûre de vouloir vivre. Elle ne veut plus jouer, plus faire comme si elle allait s’en sortir à force de courage et d’abnégation. Plus faire tout court. Farniente, ne plus rien faire. » Elle pourrait donc venir au pied de cette roche escarpée, loin de l’agitation et des touristes, pour être vraiment tranquille. Sauf qu’elle est intranquille. Et un car de touristes de plus ou de moins n’y ferait rien. « L’inconnue » revient pour revivre un souvenir. Et quand elle découvre deux autres personnages, là, sur la plage, c’est tout son monde intérieur qui se prépare à basculer dans le vide.

 

La situation fait bien remonter le passé à la surface. Mais pas forcément celui qui était prévu. L’un sera tantôt « l’homme », tantôt « le colosse » ; l’autre, « elle » ou « la petite ». Marie Nimier englue alors son « inconnue » au point que l’on ne sait plus dénouer le vrai du faux, la réalité de la sensation, le passé du présent. Cette banale rencontre qui aurait pu rester un tableau estival de bord de mer devient un huis clos étouffant entre terre et mer, un combat feutré, dont il faudra bien sortir. Et Marie Nimier tire les ficelles, suscitant ici, le rire, là, l’effroi avec un style habile et déjà salué. Vous ne descendrez plus jamais à la même plage…

 

H.D.

 

  • Mardi 19 janvier à 18 heures à l’Armitière à Rouen. Entrée libre.