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Festival Art et Déchirure : créer avec ses turpitudes

"Mon Amour fou" de Roxane Kasperski

Du théâtre et des arts plastiques : tels sont les principaux ingrédients du festival Art et Déchirure. A nouveau, lors de cette 15e édition qui se déroule du 8 au 20 mars, cet événement met en lumière des œuvres plurielles, nées de différences et de souffrances.

 

"Mon Amour fou" de Roxane Kasperski
« Mon Amour fou » de Roxane Kasperski

C’est un rendez-vous que fixent tous les deux ans José Sagit et Joël Delaunay. Et c’est un rendez-vous attendu avec impatience tant cet événement culturel, unique en son genre, ouvre de magnifiques horizons, accueille de multiples talents et partagent des propos singuliers et profonds. Le festival Art et Déchirure, présenté du 9 au 20 mars dans différents lieux de Seine-Maritime, propose de découvrir diverses formes d’expression artistique issues du monde de la santé mentale.

 

Depuis la première édition, en 1989, les deux directeurs, anciens infirmiers en psychiatrie, ont eu un parti pris généreux : ne pas hiérarchiser les œuvres. Une production artistique existe dans les établissements hospitaliers. Ils en ont été les témoins et ont toujours voulu la présenter de l’autre côté des murs des hôpitaux. Cependant, « il ne fallait pas recréer un ghetto à l’extérieur. Il nous est apparu nécessaire que les œuvres se confrontent », explique José Sagit.

 

Pendant plus de dix jours, le festival Art et Déchirure mêle des créations amateurs et professionnels. Comme Jour de pluie de Pauline Réant et Chloé Lacheray joué par les comédiens de l’hôpital de jour Lucien-Bonnafé et Le Sorelle Macaluso d’Emma Dante. Comme Les Petits Bateaux des Gibus et Mon Amour fou de Roxane Kasperski. En tout dix spectacles qui évoquent les tourments, les souffrances, les blessures qui peinent à cicatriser. « Aujourd’hui, on parle beaucoup de bipolarité. Les années antérieures, les spectacles abordaient l’autisme, la schizophrénie. Le thème de bipolarité ou maniaco-dépression est développé parce qu’il est très présent dans la société actuelle ».

 

Amateurs et professionnels dialoguent également dans les expositions. Joël Delaunay présente une grande diversité de la création contemporaine. Avec José Sagit, il travaille sur l’ouverture d’un lieu d’expositions permanentes et ponctuelles des 300 œuvres que possède l’association. Celui-ci se situera dans un ancien pavillon du centre hospitalier du Rouvray et sera ouvert pour la prochaine édition d’Art et Déchirure.

 

Cette année, le festival prend un bel envol grâce à un partenariat avec le CDN de Normandie Rouen. David Bobée a toujours apporté son soutien à cet événement culturel. « Je l’ai fréquenté quand j’étais adolescent et il reste fondateur dans mon parcours. Nous partageons les mêmes valeurs et nous allons chercher la création au cœur de la vie ». Une vie pleine de turpitudes.

 

  • Festival Art et Déchirure, du 9 au 20 mars au CDN de Normandie-Rouen, à la chapelle Saint-Louis et à la salle Louis-Jouvet, à la Halle aux Toiles et à l’Ubi à Rouen, à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu, à l’Atelier 231 à Sotteville-lès-Rouen, au Siroco à Saint-Romain-de-Colbosc, au Rexy et à la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan, à la chapelle Saint-Julien à Petit-Quevilly.
  • Programme complet : ici