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Le théâtre d’émotion d’Emmanuel Meirieu

Birdy, d'après le roman de William Wharton, adaptation d'Emmanuel Meirieu et Loïc Varraut, Mise en scène d'Emmanuel Meirieu, avec Stéphane Balmino, Thibault Roux et Loïc Varraut - Lumière de Seymour Laval - Costumes de Moïra Douguet - Musique Lise Baudoin - Maquillage Roxane Bruneton

Birdy, d'après le roman de William Wharton, adaptation d'Emmanuel Meirieu et Loïc Varraut, Mise en scène d'Emmanuel Meirieu, avec Stéphane Balmino, Thibault Roux et Loïc Varraut - Lumière de Seymour Laval - Costumes de Moïra Douguet - Musique Lise Baudoin - Maquillage Roxane BrunetonCe sont deux complicités, deux amitiés. Dans Birdy, de William Wharton, joué jeudi 3 mars au Rayon vert à Saint-Valery-en-Caux, Al tente de ramener vers le monde des hommes son ami, Birdy, qui rêve de pouvoir voler comme les oiseaux. Mon Traître, de Sorj Chalandon, à l’affiche samedi 12 mars au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly, est un monologue de trois hommes, Antoine le luthier, Tyrone, le mouchard et leader de l’IRA (armée républicaine irlandaise), et Jack, son fils sur fond d’une guerre de l’ombre. Emmanuel Meirieu adapte ces histoires incroyables d’êtres aux vies cabossées. Entretien avec le fondateur de la compagnie Bloc opératoire, auteur et metteur en scène.

 

Quand un roman appelle le théâtre pour vous ?

C’est très personnel. C’est mon émotion à la lecture. Il n’y a donc pas de règle, pas de condition, pas de forme prédéfinie. C’est seulement une émotion. Il faut que l’histoire soit là. Je me demande aussi si j’aurais le courage de porter cette histoire, si j’aurais la force.

 

Pourquoi du courage et de la force ?

Parce que ce travail me demande de la force et du courage. Ce peut être un grand bonheur, parfois un moment de grâce. Entre le moment où j’ouvre le livre et le premier lever de rideau, il se passe entre deux et trois ans. J’évolue dans un milieu professionnel qui demande beaucoup de temps et de patience. Il y a quatre ans que je porte Mon Traître. Nous allons bientôt jouer la 100e représentation. Et je suis là à toutes les représentations. Il y a beaucoup d’engagement personnel.

 

Recherchez-vous toujours l’émotion ?

Oui, c’est l’émotion que je recherche. Mais pas n’importe laquelle et à n’importe quel prix. Je travaille sur l’empathie, sur la compassion. Cela appelle à la réconciliation.

 

Est-ce que cette recherche a toujours été présente dans votre travail ?

C’est difficile à dire. En fait, on tourne toujours autour de la même idée jusqu’à ce que l’on se rapproche de la vérité. Avec cette pièce, De Beaux Lendemains, il y a eu un passage à Paris. Ce fut un moment de renaissance professionnel. J’ai eu l’impression d’être arrivé à une plus grande maturité, de trouver mon style.

 

Est-ce que la phase de l’adaptation théâtrale est la plus délicate ?

C’est horriblement la plus délicate. C’est la phase la plus importante et la plus longue. Quand on écrit une adaptation d’un roman, on ne fait pas de copier-coller. On ne prend pas de la colle et des ciseaux. Il faut scénariser, reconstruire une histoire qui doit fonctionner sur un plateau de théâtre.

 

Vous devez donc faire des choix.

Oui, je fais des choix très forts. Avant d’écrire, je dois trouver la ligne de vie. Tant que je ne l’ai pas, je n’arrive pas à écrire. Cela demande aussi du temps. Je pars toujours en aveugle, sans filet sur un texte.

 

 

Est-ce important pour vous d’être fidèle à l’auteur ?

Oui, c’est important. J’ai eu de belles expériences avec Russel Banks et Sorj Chalandaon qui ont adoré mon travail et trouvé une grande fidélité à leur texte. En fait, je ne me préoccupe pas beaucoup de cela pendant mon travail parce qu’il n’y a pas quiproquo entre l’auteur et moi au moment de la lecture.

 

Quand se dessine la mise en scène ?

Elle arrive toujours après. Ce n’est pas la mise en scène qui dicte le texte. C’est toujours l’histoire qui m’inspire les gestes de construction, de mouvements, de lumières…

 

Quels liens existe-t-il entre vos spectacles ?

Chacun porte un thème très fort. C’est vrai, j’ai mes obsessions. Nous avons tous peut-être une chose à dire au monde et aux autres.

 

L’être humain est au cœur de ces spectacles.

C’est la seule chose qui m’importe : raconter l’être humain. Je raconte l’être humain qui affronte la vie, qui fait la guerre avec la vie.

 

Cet être affronte aussi son passé.

Il porte ce passé et il essaie de s’en sortir. Dans Birdy, les deux personnages reviennent de la guerre. L’un se prend pour un oiseau, l’autre tente de le guérir. Mon Traître est une histoire d’amitié et de trahison. Il y a à chaque fois une recherche de bonheur, de pardon, de guérison, de réconciliation. Dans Mon Traître, ce sont trois témoignages adressés directement au public. J’aime beaucoup cela. C’est comme si le personnage crevait l’écran de cinéma et racontait ce qu’il a été et ce qu’il est aujourd’hui. J’aime quand le public oublie vite qu’il a face à lui un acteur et quand il est dans cette illusion.

 

Deux spectacles

  • Birdy : jeudi 3 mars à 20h30 au Rayon vert à Saint-Etienne-du-Rouvray. Tarifs : de 18 à 6 €. Réservation au 02 35 97 25 41 ou sur www.lrv-saintvaleryencaux.com
  • Mon Traite : samedi 12 mars à 20 heures au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly. Tarifs : de 19 à 11 €. Pour les étudiants : carte culture. Réservation au 02 35 68 48 91 ou sur www.dullin-voltaire.com