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Mustang au 106 : « nous étions dégoûtés des ordinateurs »

photo JF Julian

Il y a chez eux un charme désuet plutôt délicieux, une élégance. Pas seulement dans leur costume, leur coiffure et leur allure. Mustang revient aux origines du rock pour lui insuffler encore davantage une bonne dose de modernité. Depuis dix ans, le trio de Clermont-Ferrand est hors des modes et impose une identité, une vision de la musique très personnelle. Mustang, c’est aussi des textes en français plein d’ironie, marque de fabrique du groupe. Il est à nouveau en tournée, cette fois, avec un EP, Karaboudjan, enregistré en grande partie à Rouen au studio Quasar. Mustang joue jeudi 1er juin au 106 à Rouen.

Avec ce titre Salauds de pauvre, vouliez-vous participer à un débat politique ?

On voulait surtout rigoler un bon coup. Non, nous n’avions pas l’intention de participer au débat politique. En fait, j’avais regarder Affreux, sale et méchant. Dans son film, Ettore Scola raconte l’histoire d’hommes miséreux et cupides qui vivent dans un bidonville. Je trouvais plutôt pas mal de ne pas idéaliser les classes populaires. Surtout aujourd’hui parce qu’il n’y a plus rien pour rassembler le prolétariat. Il n’y a donc pas de lien avec ce que nous avons entendu lors de la campagne pour les élections présidentielles. D’autant que j’ai écrit cette chanson au printemps 2016.

Est-ce que la politique vous intéresse ?

C’est un sujet qui devient de plus en plus important à mesure que l’on grandit et que l’on fait marcher son cerveau. Le jeu politique reste secondaire. Je m’intéresse davantage aux idées, à l’histoire des idées.

Après trois albums, vous sortez un EP, Karaboudjan. Quelles étaient vos envies ?

Nous avions envie d’un disque de guitare, basse, batterie avec peu de production pour être au plus proche du live. Cet EP devait être en effet une vraie photographie de la manière dont on joue en concert avec un son plus brut. Jusqu’à présent, nous n’avions jamais fait ça. En même temps, nous étions dégoûtés des ordinateurs. Je pense que nous passons trop de temps devant et c’est usant, fatigant. Ne serait-ce pour les yeux. On est toujours assis. Surtout, avec les ordinateurs, on passe plus de temps à rattraper les mauvaises prises qu’à en rejouer de meilleures. Là, nous avions une liberté totale.

Vous aviez retrouvé une liberté au sein de votre label ?

Nous n’avions vraiment jamais quitté notre label. Nous avons eu une licence auprès d’une grande maison de disques mais ce n’était pas adapté à un petit groupe comme nous. Même si nous avons néanmoins une certaine notoriété.

Avec cet album, est-ce que vous vous êtes encore plus approchés de la musique que vous voulez jouer ?

Sans doute. Il y a toujours beaucoup d’influences étrangères mais nous ne pouvons pas produire une copie carbone des musiques que l’on aime. Petit à petit, nous trouvons notre son. Cela nous appartient. Cependant, notre façon de construire des chansons relève d’un certain classicisme. Et tout cela reste assez spontané. Ce n’est pas un questionnement esthétique.

Comme le second degré qui transparaît dans les textes ?

Au fil du temps, l’écriture aussi s’est affinée. Je n’aime pas trop cette expression. Je ne vois pas trop de second degré dans les chansons. Peut-être un peu d’ironie.

 

 

  • Jeudi 1er juin à 20 heures au 106 à Rouen. Tarifs : de 14 à 3 €. Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com