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Sept nouvelles installations monumentales au Havre

Sept nouvelles sculptures et installations monumentales viennent compléter durant ce nouvel Été au Havre 2020 la collection permanente qui compte déjà douze œuvres. C’est une promenade imaginée par Jean Blaise, directeur artistique, à effectuer dans la ville jusqu’au 4 octobre pour découvrir gratuitement des créations faites pour réveiller une architecture si singulière.

L’Endroit et l’envers de Rainer Gross

Une longue liane traverse la façade de l’hôtel de ville du Havre. C’est L’Endroit et l’envers de Rainer Gross, une sculpture de 75 mètres construite avec des centaines de lattes de bois noires, assemblées avec des vis. L’artiste berlinois a installé chaque latte comme il dessine au crayon un trait sur une feuille de papier. Cette ligne traverse un espace pour « créer un dialogue, un contraste, une complémentarité entre le noir du bois et le blanc de la pierre, les droites du bâtiment et les courbes de l’œuvre, le statique et le dynamique, l’apparition et la disparition puisque elle part du sol et arrive plus loin aussi dans le sol ». C’est une évocation du temps qui passe, du côté éphémère de la vie. « Rien n’est éternel ». Rainer Gross a été « touché « par l’invitation de Jean Blaise. « On sait ce que le IIIe Reich a fait ici . Il y a une référence à l’histoire tragique de la ville ». L’Endroit et l’envers souligne ainsi la devise de la France inscrite sur la façade. « La liberté n’est pas reconnue dans tous les pays du monde. L’égalité, notamment entre les femmes et les hommes, est loin d’être atteinte. La fraternité n’est pas partout. De nombreux exemples nous le montrent. Il ne faut jamais oublier ces valeurs universelles ».

  • Façade sud de l’hôtel de ville, place de l’Hôtel-de-Ville

H20 = $ d’Alice Baude

Alice Baude, élève de l’Université du Havre et de l’ESADHaR, ne peut dissocier littérature et arts plastiques. Elle a conçu H2O = $ pour le Bassin du commerce. Elle a installé en suspension dans l’eau des lettres-miroirs et écrit : Le liquide pour seul réel. Le liquide, c’est l’eau, l’élément vital, devenu un enjeu financier, qui compose l’être humain,  et aussi l’argent qui obsède. Il y a évidemment une pointe d’ironie dans cette création qui se trouve juste en face du casino. Sur cette inscription, tout coule et tout change selon les nuages et la couleur du ciel qui viennent se refléter.

  • Bassin du commerce, sur la passerelle

Monsieur Goéland de Stephan Balkenhol

Après ses Apparitions sur les immeubles de la place Carrée, Stephen Balkenhol pose Monsieur Goéland, tout en bronze, au milieu de la place du Vieux-Marché. C’est un homme habillé d’une veste bleue et d’un pantalon blanc. La particularité : il a une tête d’oiseau. Du haut de son perchoir ou d’un mât, à plus de 2 mètres de haut, il regarde la ville et ses habitants. Pour Stephen Balkenhol, il y a « un lien entre les Hommes et les animaux. L’animal, lui, est lié par ses instincts. Les Hommes sont des êtres hybrides mais ils ont perdu leur côté animal, leur innocence. Il sréfléchissent trop sur eux-mêmes ».

  • Place du Vieux-Marché

La Tendresse des loups de Claude Lévêque

Dans l’église Saint-Joseph à l’architecture quelque peu austère, Claude Lévêque, « un inconditionnel d’Auguste Perret », a apporté de la poésie et de la douceur. La Tendresse des loups est un manteau de fleurs de lys accroché en aplomb de la lanterne, juste au-dessus du chœur. « Jean Blaise m’a demandé de concevoir un projet sans lumière. Pour moi, la lumière a un impact en tant que forme et que récit. Ici, je me suis adapté au mouvement de la lumière qui passe à travers les vitraux. Pour parvenir une installation légère, presque simple, il a fallu une vraie recherche ». Le meilleur moment pour découvrir La Tendresse des loups, c’est en fin d’après-midi.

  • Église Saint-Joseph, boulevard François-Ier

À L’Origine de Fabien Mérelle

Da Fabien Mérelle, on connaît Jusqu’au bout du monde, une sculpture récemment incendiée. L’artiste participe une nouvelle fois à Un Été au Havre avec À L’Origine, installé sur le palais des Régates et confronté aux éléments. C’est un éléphant qui se tient en équilibre sur le dos de l’artiste, lui-même. « Cette sculpture évoque cette résistance face à l’adversité, aux soucis que nous avons eus pendant le confinement. Peu importe ce qui peut arriver… Et cet éléphant sur un toit, face à la mer, il y a une certaine incongruité. Cela participe du burlesque de la création ». Fabien Mérelle voit ainsi son dessin, réalisé il y a dix ans, se transformé en sculpture monumentale. Une vraie mise en abîme pour ce projet audacieux.

  • Palais des Régates à Sainte-Adresse

La Sprite d’Antoine Schmitt

La Sprite a trouvé refuge sur les deux cheminées de la centre EDF, hautes de 240 mètres. Cet être surnaturel, tel un farfadet, avec sa forme molle et lumineuse, apparaît la nuit. Il est très sensible à nature, surtout aux variations météorologiques. Quand il pleut, il ne cache pas sa joie. Quand le vent souffle, il a tendance à s’éparpiller. La pluie et le vent réunis, La Sprite est complètement surexcitée.

  • Centrale EDF, quai Southampton

La caravane de Benedetto Bufalino

Benedetto Bufalino aime détourner les objets usuels. Non sans humour et ironie. Avec lui, un bus peut devenir une piscine, un camion, un dance-floor, une cabine téléphonique, un aquarium, une voiture, une friterie. Pour un Été au Havre, il a choisi une caravane, monté sur un élévateur. Celle-ci va monter et descendre plusieurs fois par jour. Une autre façon de regarder la mer, thème de cette nouvelle édition. « Dans tout cela, il y a l’idée de la décroissance. Arrêtons de bouger et poétisons les espaces ».

  • Parking de la plage, boulevard Albert Ier