///

Clément Landais : «  Je cherche à retranscrire un souvenir »

photo Sigride Daune

Les atmosphères évoluent au fil des dix titres d’Inland. Il y a néanmoins quelques points communs : le mystère, le voyage et la poésie. Inland est le premier album de Clément Landais, contrebassiste rouennais, enregistré avec des musiciens complices, Frédéric Borey, saxophones, Pierre Perchaud, guitare, et Julien Jolly, batterie. Le quatuor joue jeudi 24 septembre au conservatoire de Rouen pour clore la fête de l’automne de L’Étincelle. Entretien avec Clément Landais.

Vous êtes musicien depuis de nombreuses années. Pourquoi ce premier album arrive seulement maintenant ?

J’ai passé ma vie à accompagner des musiciens et j’aime ça. Dans un groupe, je suis assez force de proposition. J’ai joué plusieurs fois avec Frédéric Borey, Pierre Perchaud et Julien Jolly mais dans des formations différentes. Un jour, on m’a proposé une carte blanche et j’ai eu envie de les réunir. La soirée a été magique. Après cela, il m’a fallu faire un tour aux États-Unis pour voir ce qui se passait là-bas et me confronter au jazz dans le pays qui l’a fabriqué. Je suis allé à Boston où se trouve une des meilleures écoles. J’ai eu plein de bonnes surprises. Aux États-Unis, la musique appartient à tout le monde. J’ai voulu partager cela lors de la conception de l’album.

Quand avez-vous écrit les morceaux de l’album ?

J’avais déjà plusieurs morceaux qui ont ensuite changé de forme. Par exemple, CM 12 a une mélodie, venue il y a longtemps lorsque j’étais étudiant au conservatoire. Il m’est aussi arrivé d’écrire à la commande. Le plus souvent, j’attends que la musique sorte d’elle. Je cherche à retranscrire un souvenir. Cela prend forcément du temps. Les trois musiciens m’ont beaucoup accompagné dans la composition de cet album. Certains morceaux viennent d’eux.

Comment avez-vous travaillé avec les trois musiciens ?

Il faut avoir une confiance dans les musiciens avec qui on joue. Il n’y a plus d’ego dans cette formation. Tout le monde est au service d’une musique. C’est rare d’avoir des compagnons de route aussi généreux. 

Quelle est la part d’improvisation dans cet album ?

Il y a beaucoup d’improvisation dans ce disque. Pour cela, il faut commencer par définir les couleurs. C’est comme si on se dessinait un chemin avec un point de départ et un point d’arrivée. Pendant le trajet, on peut aller voir ensemble tel endroit ou tel autre. Lors de l’enregistrement, nous avons gardé les premières prises et préféré faire aucune retouche.

Vous avez choisi comme pochette d’album une image d’un navire dans une brume épaisse. Vous laissez une grande part de mystère.

J’aime beaucoup la musique éthérée. J’aime quand on laisse beaucoup de place, que l’on peut choisir son propre chemin. J’ai toujours préféré une toile abstraite de Kandinsky. C’est la même chose avec les films, les romans… C’est ce que je recherche. Ce sont des sensations physiques qui me mettent dans l’état dans lequel je peux fantasmer. C’est un peu comme le souvenir d’un rêve.

D’où le titre, Inland.

Cela a un lien avec la photo, prise dans le Cotentin, à 15 kilomètres au nord de Granville où j’ai vécu tout petit. À cet endroit, la terre et la mer sont mélangées. Il n’y a pas de frontière mais quelque chose à la fois de mouvant et d’harmonieux. C’est très épuré. C’est une image entrée dans mon esprit.

Infos pratiques

  • Jeudi 24 septembre à 20 heures à la salle Louis-Jouvet à Rouen
  • Durée : 1h30
  • Tarif : 10 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.letincelle-rouen.fr
  • photo Sigride Daune