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Lorenzo Vitturi recrée le monde

Le centrę photographique Rouen Normandie retrace dix années de création de Lorenzo Vitturi lors de cette exposition, Nulla è puro, qui réunit trois projets. Une première en France. C’est à découvrir jusqu’au 5 décembre dans le cadre de Normandie impressionniste.

Dans le travail de Lorenzo Vitturi, il y a la mise en scène et la photographie. L’une ne peut être dissociée de l’autre. Dans ce dialogue, il va confronter plusieurs langages, ceux de la couleur, des formes, des matières et des cultures. Lorenzo Vitturi crée des silhouettes bigarrées d’une grande fragilité. Il les installe dans des décors naturels ou des fonds monochromes. Tout son travail prend alors une dimension sculpturale ou picturale.

C’est une première en France. Le centre photographique Rouen Normandie expose Nulla è puro (rien n’est pur) une série d’œuvres du photographe vénitien piochées dans trois grands projets menés ces dix dernières années. Il y a tout d’abord Caminantes, inspiré par son histoire familiale. Lorenzo Vitturi refait le voyage de son père, originaire de Venise, qui est parti en bateau dans les années 1960 au Pérou pour ouvrir une verrerie de Murano. Là-bas, il rencontrera la future mère de l’artiste. Ces œuvres racontent l’histoire des migrations et la circulation des matières. Lorenzo Vitturi mêle des tissus péruviens et vénitiens, des fragments de verres de Murano, les filets des pêcheurs dans une installation disposée dans la lagune.

En équilibre fragile

Money must be made s’est développé à Lagos au Nigeria. Lorenzo Vitturi découvre le marché de Balogun avec des marchandises importées de Chine, avec ses profusions de couleurs et de matières. Il réalise des images empreintes de l’effervescence du lieu qui contrastent avec des monochromes prises dans la Financial Trust House, une tour de 27 étages, aujourd’hui déserte, qui se trouve au pied du marché. Les objets sont toujours là, recouverts d’une épaisse couche de sable, et symbolisent la faillite d’une économie délirante.

Dans Dalston Anatomy, le troisième projet, il est aussi question de marché. Dans ce quartier de Londres où il réside, Lorenzo Vitturi photographie la rue, les passants, les produits pour les assembler dans un équilibre fragile. Cette série révèle un travail plus hétérogène.

Lorenzo Vitturi ne photographie pas les ambiances des lieux qu’il visite mais les reproduit en intégrant sa folie, sa mélancolie. Son monde est fait de tension et évoque le métissage culturel.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 5 décembre, du mardi au samedi, de 14 heures à 19 heures au centre photographique Rouen Normandie, 15, rue de La Chaîne à Rouen
  • Entrée libre
  • Renseignements au 02 35 89 36 96 ou sur www.centrephotographique.com