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En errance avec Théo Charaf

photo : Sarah Fouasier

Dimanche 13 juin, dernier jour de Rush, le festival du 106, et encore dix concerts dont celui de Théo Charaf au musée Flaubert à Rouen. Le musicien et chanteur lyonnais fait entrer dans des territoires intimes à travers de jolies ballades réunies dans un premier album.

C’est la partie visible. Celle empreinte de punk partagée avec plusieurs groupes. « J’ai grandi avec ça. C’est mon état d’esprit et il a permis mon développement personnel. Le Do it yourself, ça me parle. Quand on ne sait pas faire, on fait quand même. C’est tout le principe du punk à la base avec ce quelque chose de minimal et de frontal ». Théo Charaf a aussi préservé un jardin musical secret fait de blues. « Ces musiques ont toujours été là sans que je m’en rende compte véritablement. Mes parents me les faisaient écouter. Ma mère est une grande fan de Neil Young. Quand j’ai retrouvé Harvest, j’ai eu l’impression d’être chez moi. J’ai beaucoup écouté Moby. En fait, sa musique est blindée de blues. J’ai conscientisé tout cela récemment ».

Pour Théo Charaf, c’est donc un retour aux sources. « Le blues, si tu l’accélères, c’est du rock. Si tu accélères encore, c’est du punk. C’est la même grille ». Ce premier album éponyme avec son élégance brute est intense, introspectif et rugueux. Il y a aussi cette voix profonde qui donne des frissons pour évoquer la tristesse et la rage. Il a fallu qu’un copain lui « botte le cul » pour que ces chansons soient enregistrées. « Elles découlent de ma pratique personnelle de la musique dans ma piaule. Elles sont liées à ma capacité de résilience. Je ne suis pas un mec super jouasse dans la vie. Nous avons tous nos démons à combattre. Cela me suffisait à écrire ces titres ».

À l’instinct

Des chansons écrites pendant ces deux dernières années de manière instinctive. « Je ne suis pas une machine de compositions. Quand je me mets devant ma feuille, j’ai même du mal. Toutes sont sorties un peu subitement malgré moi. Ce sont des émotions de l’instant, les premiers jets qui ont établi l’intention et l’énergie des morceaux ». Cet album est en effet une errance. « J’ai réussi à rendre ce qu’il y avait dans ma tête, à laisser mon cerveau voyager jusqu’à me retrouver à ce fameux état incroyable où tu te sens là sans te sentir autrement que là, un état de plénitude ».

À ces compositions originales, Théo Charaf ajoute des reprises de Skip James pour « son authenticité », de Bob Dylan, comme une évidence, et de Townes Van Zandt pour « sa justesse d’âme ». Après la sortie de l’album, une tournée, perturbée par la crise sanitaire. À Rouen, il y a eu un rendez-vous manqué lors des Nuits de l’alligator au 106. Ce sera alors pendant le festival Rush.

Infos pratiques

  • Dimanche 13 juin à 19 heures au musée Flaubert à Rouen
  • Concert gratuit
  • Réservation sur www.rush.le106.com
  • photo : Sarah Fouasier