Palem Candillier : « Cet Album blanc est une plongée dans la psyché humaine »

photo : Jordan Dorey

Après Nirvana – In Utero, paru en 2019, Palem Candillier s’est penché sur The Beatles, appelé également Album blanc. Publié dans Discogonie des éditions rouennaises Densité, cet ouvrage analyse — c’est l’objet de cette collection — les différents titres de ce disque, sorti en 1968, tout en le remettant dans le contexte de l’époque. Palem Candillier, L’Ambulancier sur scène, vient jeudi 20 janvier au 106 à Rouen pour évoquer ce travail d’écriture, cet album qui a tant marqué et interprète quelques titres de The Beatles. Entretien.

Depuis combien de temps les Beatles vous accompagnent-ils ?

Ils m’accompagnent depuis toujours. Ils sont le souvenir le plus lointain dans mon enfance. Ma mère était prof d’anglais et les Beatles ont été une passerelle facile pour apprendre cette langue. Ils sont la bande-son de mon enfance. Avec ce livre, j’ai fait quelque chose de tout cela.

Pourquoi avez-vous choisi cet album, The Beatles ?

Depuis que je suis tout petit, j‘aime les albums un peu bizarres. Des Beatles, j’ai préféré ceux sortis dans la deuxième moitié des années 1960, donc l’Album blanc, Revolver… J’ai été fasciné par des sons expérimentaux, la façon d’écrire les chansons, les bandes inversées.

Quand on décide d’écrire un livre sur les Beatles, est-ce que cet Album blanc est un passage obligé ?

En fait, je voulais écrire un livre sur John Lennon. Hugues des éditions Densité m’a dit : pas de livre sur Lennon tant qu’il n’y en aura pas un sur les Beatles ! J’ai alors eu envie de travailler sur un album mythique et apporter un éclairage sur ce double album avec ses 30 chansons. Ce fut un challenge.

D’autant que beaucoup a été dit, raconté, publié, filmé sur les Beatles.

Surtout quand on commence à s’intéresser à la littérature anglaise. En France, il a été seulement traduit environ 2 % de ce qui a été publié. Avec les anniversaires, il y a eu un nouveau regain, le documentaire de Peter Jackson… J’ai voulu apporter un regard nouveau, remettre cette musique dans le contexte, faire des liens avec les albums d’avant et d’après.

« Tout cela en fait une jungle »

Comment avez-vous procédé ?

Comme pour le précédent livre, j’ai énormément lu, posé des repères sur ce qui retenait mon attention. J’ai commencé par collecter beaucoup d’informations. Cette collection impose un format : un chapitre par chanson. Il y a tout d’abord eu cette partie ludique avec la répartition des informations dans chaque case. J’ai ensuite rédigé.

Que retenez-vous de cet album ?

J’aime qu’il soit imparfait, bizarre. Il y a des genres et des thèmes variés. Tout cela en fait une jungle. Il faut avoir envie d’y rentrer. Que raconte cet album des Beatles ? Pourquoi un double album ? Pourquoi 30 chansons ? Il demande une écoute précise avec ces cassures, ces accidents. Mais il garde un pouvoir d’attraction énorme et continue à me parler avec son côté vibrant.

Comment définiriez-vous ce disque ?

Beaucoup ont parlé d’album psychédélique. Je parlerais plutôt de psychanalyse. Il y a tellement d’émotions et de contradictions. Cet Album blanc est une plongée dans la psyché humaine. Il est organique.

Est-ce qu’il reflète son époque ?

Oui et Non. Non, tout d’abord parce que les Beatles sont fermés sur eux-mêmes. À part peut-être sur la chanson Revolution. Ils sont un peu hermétiques à ce qui se passe dehors. Les ego sont à vif. En même temps, il y a eu ce voyage en Inde, comme une retraite spirituelle, une expérience qui les a transformés et a laissé parler les inconscients. D’où tout ce côté intuitif. 

Ils se sont accordé plus de liberté.

On pourrait dire cela. Encore que… oui, il y a une forme de liberté. Mais cet album est fait de chansons de Paul avec les autres qui accompagnent, de chansons de John avec les autres qui accompagnent. Cela questionne le fait d’être un groupe. Les sessions d’enregistrement sont passées de 3 heures à 5 mois pour un résultat éparpillé.

C’est pourtant un succès.

Oui avec cependant des critiques comprenant que la notion de groupe est mise à mal, que des individualités s’expriment. Il y a certes un succès mais sur le long terme. On ne peut nier que cet album a créé un précédent.

Infos pratiques

  • Jeudi 20 janvier à 20 heures au 106 à Rouen
  • Entrée libre
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • photo : Jordan Dorey