Puisque c’est comme ça je vais faire un opéra toute seule… Et elle l’a composé. C’est le titre du premier spectacle lyrique pour les enfants de Claire Diterzi, artiste associée au Trianon transatlantique. La musicienne a confié l’histoire d’Anya à la soprano Anaïs de Faria qui joue mercredi 6 avril à la salle de Sotteville-lès-Rouen.
Il y a parfois des signes troublants. Pour Claire Diterzi, la rencontre avec le roman de Léon Tolstoï, Anna Karénine, a été inatttendue. « Un jour, j’ai au téléphone une de mes sœurs qui me raconte qu’elle vient de terminer de lire Anna Karénine et que ce roman est devenu son livre préféré. Je croise ensuite un metteur en scène qui me parle aussi d’Anna Karénine. Je rentre plus tard en métro. La personne, assise en face de moi, ouvre un livre. C’est Anna Karénine. J’ai eu envie de le lire ».
Claire Diterzi se plonge dans la dimension tragique de cette grande fresque et en décèle « un potentiel opératique ». Pour écrire son projet, en 2018, elle effectue le voyage de Moscou à Vladivostok dans le Transsibérien. Tolstoï n’est pas loin. La musicienne imagine une suite au roman en inventant une vie à l’enfant d’Anna Karénine. « Dans le livre, elle est tout bébé ». Là, Anya a grandi et s’approche de l’adolescence. Elle est baignée de musique, entre le violon de son père, le piano de sa mère et le répertoire de son grand-père, chef d’orchestre à l’Opéra de Moscou. Quand elle annonce à la directrice de l’école de musique son désir d’écrire un opéra, elle ne reçoit pas les encouragements souhaités.
Seule sur scène
Alors Anya laisse éclater sa colère. C’est le début de l’histoire de Puisque c’est comme ça, je vais faire un opéra toute seule. La jeune fille s’enferme dans sa chambre, ose dire non à ses parents et compose. « Avec l’arrivée de la crise sanitaire, j’ai transposé cet état de confinement à mon récit. Anya est face à sa solitude. C’est une condition pour accéder à la création, à la liberté. Elle doit voyager dans sa tête. Ce spectacle est aussi un autre regard sur ce métier d’artiste. Il faut faire sauter tous les fantasmes. Il n’y a pas que Céline Dion… L’acte créatif demande des sacrifices. C’est une pièce féministe aussi. Aujourd’hui, on joue encore très peu d’œuvres composées par des femmes. Pourtant, il y a des femmes brillantes dans l’ombre de leur mari compositeur ».
Dans Puisque c’est comme ça je vais faire un opéra toute seule, Anya s’invente un monde, des personnages, brave « la faim, la soif, la peur et le froid. Elle est dans la transgression ». Claire Diterzi qui a utilisé les codes de l’opéra et enregistré tous les instruments confie le rôle d’Anya à la soprano Anaïs de Faria, seule sur scène. « Habillée d’un costume moulant, elle est une punk, libre dans son corps. C’est un clin d’œil au groupe Pussy Riot ».
Infos pratiques
- Mercredi 6 avril à 14h30 au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen
- Durée : 45 minutes
- Spectacle à partir de 6 ans
- Tarifs : 8 €, 5 €.
- Réservation au 02 35 73 95 15 ou sur www.trianontransatlantique.com
Des places sont à gagner
- Pour tenter de gagner vos places pour la représentation de ce mercredi 6 avril au Trianon transatlantique, envoyez un message à muriel.relikto@gmail.com