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Rouen a été une place financière du commerce transatlantique

Dans cet épisode historique de la traite atlantique, la ville de Rouen a été une place financière permettant le développement économique d’un système esclavagiste soutenu par l’État. C’est L’Envers d’une prospérité qui est montré jusqu’au 17 septembre au musée industriel de la corderie Vallois à Notre-Dame-de-Bondeville dans ce troisième volet de l’exposition Esclavage, mémoires normandes.

Une vue du port de Rouen de Cochin, datant du XVIIIe siècle, ouvre cette nouvelle exposition au musée industriel de la corderie Vallois à Notre-Dame-de-Bondeville. Une vue, coupée en deux par un pont flottant avec, d’un côté, la partie fluviale et les petits bateaux qui vont vers la basse vallée de Seine et Paris et, de l’autre, le bassin de haute mer pour décharger les cargaisons des navires venant d’Outre-Atlantique. Dès le XVIe siècle, Rouen est une ville regardant vers un ailleurs en s’inscrivant dans un commerce international et triangulaire.

Comme au Havre, pas de traces dans l’espace public. « Rouen a pu se mettre à distance de ses responsabilités », commente Bruno Varin, médiateur culturel à la Réunion des musées métropolitains. D’autant que les Rouennais n’ont pas armé de bateaux ; une opération réservée aux Havrais et Honfleurais. Ils n’ont pas moins tenu un rôle important dans la traite atlantique. Financiers, banquiers et négociants, ils ont investi dans l’équipement des navires, dans les plantations et dans les industries de transformation des matières premières.

Ces participations financières ont contribué à un essor économique du territoire et à l’enrichissement de famille dont les Le Couteulx. Jusqu’au 17 septembre, le musée industriel de la corderie Vallois montre à travers une centaine de documents d’archives et autres objets des collections L’Envers d’une prospérité, basée sur la déportation et l’exploitation d’hommes, de femmes et d’enfants. 

Le coton et l’indigo, venant surtout de Saint-Domingue, arrivent à Rouen pour être transformés dans les industries textiles. « La blaude en coton d’un bleu intense, le costume régional du pays de Caux, est liée à des matières premières importées des Amériques et des Antilles et à l’esclavage », rappelle Bruno Varin. Le sucre, le café, le chocolat et le tabac sont évoqués à travers la présentation de faïences. « Ce sont des produits de luxe consommés dans des objets de luxe qui supposent une aisance financière. Avec cette exposition, nous donnons un autre sens aux objets ».

L’Envers d’une prospérité dépeint la réalité d’une époque. Sans oublier celles et ceux qui se sont révoltés et ont combattu pour l’abolition de l’esclavage. L’exposition réunit ces afro-descendants, personnages éminents de la société normande qui ont lutté pour la liberté.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 17 septembre, tous les jours, de 13h30 à 18 heures, au musée industriel de la corderie Vallois à Notre-Dame-de-Bondeville
  • Tarif : 4 €, gratuit pour les moins de 26 ans, les demandeurs d’emploi et les bénéficiaires des minima sociaux
  • Renseignements au 02 35 74 35 35 ou sur https://corderievallois.fr
  • Aller au musée en transport en commun avec le réseau Astuce