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Monter sur scène pour renaître

Photo : Fabien Debrabandère

MEMM pour dire Mauvais Endroit au mauvais moment : c’est le titre du spectacle d’Alice Barraud. La voltigeuse raconte avec humour sa reconstruction après les attentats de 2015. C’est vendredi 26 et samedi 27 mai au cirque-théâtre à Elbeuf lors de ce week-end Fureur de vivre.

Alice Barraud n’a pas pu attendre. À l’hôpital, après avoir pris une balle dans le bras lors des attentats à Paris le 13 novembre 2015, la voltigeuse a écrit des carnets entiers. « Ce qui venait de m’arriver était trop gros pour moi. Écrire était un défouloir. Je pouvais ainsi mettre des mots sur ce que je vivais au quotidien et ce que je ne pouvais pas dire ». Pendant cinq années, elle noircit des pages. Puis elle reprend les représentations des Dodos. « Au fil des dates, j’ai repris confiance et retrouvé cette force à l’intérieur de moi ».

Elle retrouve aussi la force d’ouvrir ces carnets, de les relire et d’y découvrir une matière pour écrire un spectacle. Ce sera MEMM ou Mauvais Endroit au mauvais moment qu’elle joue les 26 et 27 mai au cirque-théâtre à Elbeuf. Dans ses cahiers, elle pioche divers passages « sans les retoucher parce qu’ils sont justes ». MEMM est une suite d’émotions vécues lors des périodes de chute, de combat, de rechute, d’espoir… Toutes ces phases par lesquelles il faut passer pour se reconstruire.

« ll faut voir le beau »

« En fait, il y a plusieurs Alice. Comme je m’adresse au public, je ne suis plus celle d’il y a cinq ans. Je joue des moments de ma vie. Ce sont des moments qui parlent à tout le monde. J’ai aussi envie de donner des clés parce que nous vivons tous des deuils. À 23 ans, je me retrouve à l’hôpital avec une balle dans le bras, avec cette histoire trop grande pour moi et sans avoir les clés. Pour se relever, il faut voir le beau là-dedans. La puissance de l’art, des mots et des corps le permet. Ce sont des endroits guérisseurs ».

Lors de l’écriture de MEMM, elle fait appel à Raphaël de Pressigny, batteur de Feu ! Chatterton, et à Sky de Sela, clown. « Nous avons travaillé tous les trois. J’avais besoin de gens que j’aime et en qui j’ai confiance pour libérer cette histoire. Je suis arrivée face à eux avec cette matière, ma vie, mon témoignage, des scènes burlesques. Je voulais aborder d’autres sujets mais je ne parvenais pas à imaginer le handicap, la peur… Nous avons alors improvisé, cherché dans différentes directions. Par sa musique, Raphaël m’a permis de sortir des choses, comme la tristesse, la peur, la colère…  »

Sur scène, ils sont deux, Alice Barraud et Raphaël de Pressigny parce que « la musique est un baume pour les plaies. Dans le spectacle, Raphaël incarne la personne qui prend soin ». MEMM relate un combat à travers un langage artistique mêlé de mots, d’acrobaties, de danse et de musique.

Infos pratiques

Fureur de vivre

Le cirque-théâtre à Elbeuf propose vendredi 26 et samedi 27 mai une soirée avec deux spectacles. Deux créations où transparaît une Fureur de vivre, thématique de ce week-end. Outre MEMM d’Alice Barraud, il présente vendredi 26 mai à 21 heures et samedi 27 mai à 20 heures Time de to tell de Martin Palisse, jongleur atteint de mucoviscidose. Avec des balles, il raconte ce combat intime.

  • Pass Fureur de vivre : 11 €, 6 €