Serge Teyssot-Gay : “Interzone est une histoire de couple qui fonctionne bien”

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Depuis 2002, Serge Teyssot-Gay et Khaled Aljaramani forment Interzone, un duo de guitare électrique vibrante et d’oud mélancolique. Leur musique, nourrie de leurs expériences musicales et de leurs voyages, est une parenthèse harmonieuse et rêveuse. Le 24 mai 2024, Interzone sort son cinquième album, 5e Jour qui est une série de suites ou waslat sur lesquelles Khaled Aljaramani pose sa voix. En attendant, le groupe sera en concert vendredi 22 mars à l’espace François-Mitterrand à Canteleu. Entretien avec Serge Teyssot-Gay.

Est-ce que les albums d’Interzone sont une suite de dialogues entre Khaled Aljaramani et vous ?

Oui, c’est ça. C’est le cœur de notre histoire. Et ce dialogue évolue avec ce que nous vivons, en fonction de nos réactions au monde. Régulièrement, nous avons envie de nous retrouver pour composer. C’est même plus qu’une envie, c’est une nécessité. Entre nous, tout est très fluide.

Sur le prochain album, 5e Jour, vous avez composé des suites. Pourquoi avez-vous choisi ce format ?

Ces suites sont des waslat. Chaque morceau est une réaction au précédent. Ce fut une vraie découverte de travailler de cette manière. Pour le live, nous avons d’ailleurs conservé cette idée de waslat. Chaque morceau est lié par un leitmotiv. Pour le prochain album, nous avons composé cinq suites avec, pour chacune, trois titres.

Cette notion de suites est surtout employée dans la musique classique.

C’est vrai. Quand on parle de suites, on pense en effet à la musique classique ou contemporaine. La musique arabe est aussi composée de cette manière. Cela vient de l’oralité. C’est le même principe.

Est-ce que ce format vous octroie davantage de liberté dans la composition ?

Je ne sais pas. Je n’ai pas d’avis sur cette question. Nous avons composé ce que nous avions envie. Lors de ce travail, nous nous sommes bien amusés. Il y a un côté très ludique dans le jeu. Sur cet album, Khaled chante beaucoup et ce n’était pas prémédité. Il n’est pas un chanteur mais un musicien instrumental, un oudiste. Le chant vient là en support de la musique. Il a une position particulière. C’est gouleyant ! Khaled a une telle connaissance de la poésie arabe et il lui vient parfois d’avoir un chant en tête et de chanter.

Chaque album correspond à un jour. Faut-il voir là un lien mystique ?

Non, pas du tout. Cela nous faisait marrer. C’est davantage un code entre nous. Quand nous avons parlé du premier album, c’était un premier jour. Avec Khaled, nous sommes dans l’immédiateté. Il vient d’une culture que je ne connais pas. Or, dès le premier jour, nous étions connectés. Nous communiquons par la musique. C’est toujours notre point de départ. Non, il n’y a rien de spirituel dans cela. Quand nous commençons à travailler, nous arrivons chacun avec les idées que nous avons accumulées. Nous nous les faisons écouter. L’un dit ce qu’il en pense à l’autre. Dès que l’idée fonctionne, nous développons. Interzone est une relation d’intimité. Avec Khaled, l’envie est davantage de l’ordre de l’urgence. Maintenant, nous nous connaissons bien. C’est surtout un état d’esprit qui nous intéresse.

Où Khaled Aljaramani vous surprend encore ?

Khaled m’émerveille par son jeu et son chant. Des fois, il part dans des solos et je suis subjugué. Interzone est une histoire de couple qui fonctionne bien.

Ce qui permet des improvisation en toute liberté ?

Dans la formation, chacun doit être libre de jouer ce qu’il veut. Cela permet beaucoup de souplesse et amène un souffle ouvert.

Infos pratiques

  • Vendredi 22 mars à 20h30 à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu
  • Tarifs : 10,60 €, 5,30 €
  • Réservation au 02 35 36 95 80 ou en ligne
  • Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce