A very good trip with Still Corners

Photo : DR

Après plusieurs temps forts rock’n’roll, le 106 à Rouen calme les esprits en accueillant jeudi 19 septembre Still Corners et son éclatante dream pop. Moments de grâce au programme. 

Depuis 2013, une chanson illustre inlassablement la bande son de films, les ambiances de séries télé ou encore les génériques d’émissions de radio. Ce titre s’appelle The Trip. Il est l’oeuvre d’un duo formé par le guitariste américain Greg Hughes et la chanteuse et claviériste londonienne Tessa Murray sous le nom Still Corners, groupe en concert jeudi 19 septembre dans le Club du 106 à Rouen. 

The Trip dégage une certaine béatitude, une atmosphère de bien-être insufflée par une mélodie salvatrice. Le temps semble ralentir et on se laisse porter par l’arpégiateur qui rythme la progression continue vers une fin en apothéose. 6,12 minutes de bonheur total ! C’est comme un voyage « en apesanteur » comme le dirait Calo dans son ascenseur. On plane, euphorique et nostalgique à la fois. La force de frappe de Still Corners se trouve précisément là, dans cet espace émotionnel et temporel. Le duo américano-britannique a trouvé la formule parfaite pour toucher le public, pour simplement redonner le sourire aux gens. Et ce n’est pas évident à l’heure actuelle. Le monde a besoin de ces périodes rédemptrices où empathie et altruisme prennent tout leur sens. 

Le Still Corners 2024 reste inchangé. Il y a toujours ces ambiances cinématographiques, ces sonorités chaudes, la voix douce et sensuelle de Tessa, l’omniprésence de la réverbération pour accentuer l’effet de profondeur, les nappes synthétiques, et puis, ce son de guitare que validerait sans hésiter un certain Chris Isaak avec un jeu à chercher du côté de Mark Knopfler.

Le nouveau single, The Dream, applique à la lettre la recette imaginée par les auteurs il y a dix-sept ans en accentuant les thèmes du rêve et de l’imaginaire. Associé au mouvement dream pop , esthétique déjà ancienne mais surtout portée par la génération Z depuis quelques années, Still Corners s’en tire plutôt bien au milieu d’une ribambelle d’autres popies rêveurs en sortant de vraies belles chansons, élégantes et mélancoliques. On peut même considérer le groupe comme l’un des pilliers du genre aux côtés de Cigarette After Sex et de Beach House. Pourtant la grande majorité des chansons estampillées dream pop fait beaucoup moins rêver qu’un God only knows des Beach Boys ou que l’incontournable Here comes the sun des Beatles réalisés en d’autres temps. Mais Still Corners s’en sort parfaitement et domine son sujet. Le 7e album produit sur son propre label – Wrecking light Records – après un passage chez Sub Pop, confirme d’ailleurs les essais précédents. 

Pour la version live, Tessa et Greg s’adjoignent un batteur et un écran où les images de grands espaces, de vagues en mouvement et de road-trip illustrent un set largement garni des titres du dernier album mais avec l’essentiel The trip en clôture. Et oui, il faudra patienter et pousser le voyage jusqu’au bout pour obtenir un trip complet. Mais le jeu en vaudra la chandelle. 

Infos pratiques

  • Jeudi 19 septembre à 20 heures au 106 à Rouen
  • Première partie : Rouge Minnesotoa (solo)
  • Tarifs : de 23 à 6 €
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce