Thomas de Pourquery : « je suis animé, ému et mu par l’envie d’être assez mystique »

Photo : Naïa Combary

Thomas de Pourquery a toujours exploré de multiples voies musicales. Saxophoniste virtuose et espiègle, il se promène avec aisance et audace dans les divers répertoires qui l’ont influencé. Il a joué avec Fred Pallem, Andy Emler, Oxmo Puccino, Médéric Collignon, fait des détours dans le cinéma et mené des projets singuliers — notamment celui sur Sun Ra ou un voyage vers la lune — avec son sextet, Supersonic. Artiste aux multiples récompenses, il a sorti un très beau premier album de pop songs, travaillées avec Yodelice. Let The Monster Fall est une suite de titres à la fois intimes et explosifs qui laissent entrevoir une lumière. Thomas de Pourquery est en concert jeudi 5 décembre au Kubb à Évreux. Entretien.

Pourquoi ce disque de chansons arrive-t-il seulement maintenant ?

J’ai toujours attendu que la vie m’amène où elle doit m’amener, que les chansons arrivent d’elles-mêmes. Je construis ma vie de musicien et d’artiste de cette manière. J’ai toujours su que cet album arriverait et je n’ai jamais voulu forcer le destin. J’ai confiance en la vie, aux rencontres.

Dans cet album, votre voix est mise en avant et pas le saxophone.

Oui, c’est vrai. Pour un instrumentiste, c’est un peu déroutant. J’ai néanmoins toujours eu l’amour du chant. Cela a été mon endroit, mon jardin secret et j’ai souhaité préserver cela.

Appréhendez-vous votre voix comme votre instrument ?

Pas du tout. Quand je chante, j’ai un rapport plus fort au texte. Je veux raconter une histoire. J’improvise peu alors que j’improvise beaucoup avec mon instrument. Dans cet album, le saxophone est néanmoins très présent. Il est là comme un instrument complémentaire.

Est-ce le prolongement de votre voix ?

Je ne sais pas mais il est un moyen d’expression complémentaire et complet. J’adore jouer un solo de saxo après avoir chanté une chanson.

Vous emmenez votre voix où vous voulez. Comment l’avez-vous apprivoisée ?

J’aimerais bien que vous ayez raison. Pour moi, c’est un bonheur de chanter. Cela fait un bien fou.

Comme l’écriture de chansons ?

J’ai commencé à écrire à l’adolescence. C’était comme un journal intime. J’écrivais sur mes premières amours, mes premières sensations de musicien, d’espoir, de désespoir. C’était une période tumultueuse. L’écriture a été une aide et la poésie, une source d’inspiration. Elles le restent encore aujourd’hui.

Qui est ce monstre qu’il faut délaisser ?

Cette chanson évoque plein de choses et pose de nombreuses questions. Laisser tomber les monstres, c’est une volonté de devenir résilient, de se tourner vers la lumière. Dans une vie, nous sommes traversés par de multiples sentiments après des moments joyeux ou dramatiques. Ce titre, à la fois intime et universel, parle à tout le monde. Pour parler de ce sujet, je suis animé, ému et mu par l’envie d’être assez mystique.

Vous parlez de lumière. Dans cet album, il y a un fil qui se déroule allant justement d’endroits sombres vers des espaces plus lumineux.

Je n’analyse pas autant cet album. Je suis conscient de l’importance du choix d’aller vers la lumière. On peut se laisser aller à la peur, au désespoir, aux sentiments ombrageux. Se tourner vers la lumière est un vrai choix et un vrai travail. La musique offre cela. Grâce à elle, je suis à l’endroit de la parole. Je me dois alors d’utiliser cette parole pour parler de ces lieux charnières qui permettent de voir la lumière. Ce n’est pas pour rien qu’il y a le jour et la nuit, la vie, la mort et la renaissance…

Dans votre album, on entrevoit ces cycles infinis.

C’est quelque chose qui me tenait à cœur. Je fabrique des disques comme des boucles. Il y a quelque chose de circulaire. Cela soigne ma mégalomanie. Cela doit inciter à écouter mes disques en boucle.

Infos pratiques

  • Jeudi 5 décembre à 20 heures au Kubb à Évreux
  • Première partie : Mélissa Weikart
  • Tarifs : de 20 à 10 €
  • Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com