Une soirée musicale au clair de lune

photo : DR

Au programme de ce concert : Jules Massenet avec diverses mélodies, Georges Bizet avec cette œuvre de jeunesse, Les Pêcheurs de perles, Henri Duparc avec Aux Étoiles, Claude Debussy avec le célèbre Clair de lune, et Mel Bonis avec une Suite en forme de valse. Tous des compositeurs et une compositrice de grand talent qui ont écrit de magnifiques pages romantiques. L’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, sous la direction de Pierre Dumoussaud, accompagne le ténor Julien Henric et le baryton Thomas Dolié et interprète ce répertoire jeudi 19 décembre au Volcan au Havre, les 20 et 21 décembre au Théâtre des Arts à Rouen et dimanche 22 décembre au théâtre Robert-Auzelle à Neufchâtel-en-Bray. Entretien avec le maestro.

Comment la musique éclaire les textes des œuvres de ce répertoire ?

Il y a deux manières de versifier et de prosodier. Bizet est dans la grande tradition romantique, avec Gounot et Berlioz. Massenet, lui, est plus ouvert sur le XXe siècle. Il laisse moins de liberté parce que sa musique est plus écrite. Ce sont deux manières différentes de distiller la voix. Nous sommes plus dans le romantisme avec Bizet et plus dans l’impressionnisme avec Massenet.

Comment avez-vous alors appréhendé ces œuvres aux couleurs différentes ?

Je travaille toujours de la même manière lorsqu’il s’agit d’œuvres avec des textes en langue française. Je remonte à la source des livrets. Dans ce répertoire, nous trouvons des poètes qui bénéficiaient d’un rayonnement différent à l’époque. Il est aussi important de savoir à qui sont dédiées les œuvres. À la fin de sa vie, Massenet dédie ses mélodies à des interprètes qui ont créé les grands rôles de ces opéras. Ce sont de petites offrandes.

Pour ce concert, vous avez choisi des versions éditées par le Palazzetto Bru Zane. Que disent-elles de ces œuvres ?

Ce sont des versions qui n’avaient jamais été éditées et n’ont pas encore été enregistrées. Je pense que Massenet ne les a jamais entendues de son vivant. Ce sont des orchestrations inédites. Avec ces mélodies, nous sommes chez le Massenet à la fin de sa vie qui est dans la rationalité, dans l’efficacité. Il invente une forme hybride avec des mélodies qui sont à moitié parlées et à moitié chantées. Il y a un gros dépouillement et tout un jeu dans l’orchestration.

Quelle est la particularité des œuvres de Bizet ?

Bizet écrit sa Symphonie en ut alors qu’il passe le Prix de Rome. C’est incroyable. Il trouve là un espace de liberté, une envie de s’affranchir des cadres. Il est tout jeune et montre déjà une intelligence et une maturité. S’il n’était pas mort à 37 ans, je suis sûr qu’il aurait été le plus grand compositeur de l’histoire de la musique française. 

Comment Mel Bonis aborde la forme de la valse ?

C’est un kaléidoscope avec des pièces lentes et rapides qui se répondent. Elle aussi sort du cadre. Ses œuvres sont difficiles à faire sonner. Elles sont très complexes. Mel Bonis a une grande connaissance de la forme de la valse et prend beaucoup de liberté lorsqu’elle compose. Elle a 40 ans et c’est la première fois qu’elle ose une orchestration. Elle a un grand talent et une grande intelligence.

Infos pratiques