De « l’émotion pure » dans les Dialogues des carmélites

Photo : Caroline Doutre

Avec Dialogues des carmélites, Francis Poulenc signe un véritable chef-d’œuvre empreint de puissance et de spiritualité. Interprétée par l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, cette nouvelle production lyrique est dirigée par Ben Glassberg et jouée du 28 janvier au 4 février au Théâtre des Arts.

« C’est une œuvre qui touche le cœur d’une telle façon qu’il est difficile de l’expliquer ». Ben Glassberg le confie. Il ne peut retenir les larmes à l’écoute des Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc (1899-1963). « C’est le seul ouvrage qui me fait pleurer. Il est tellement fort. Nous sommes là dans l’émotion pure. Poulenc nous impose à nous interroger sur notre foi, sur nos comportements face aux autres. Je m’autorise à pleurer pendant les répétitions pour ne pas pleurer pendant le spectacle ».

Dialogues des Carmélites, mis en scène par Tiphaine Raffier, est le prochain spectacle lyrique de l’Opéra de Rouen Normandie, présenté du 28 janvier au 4 février au Théâtre des Arts. Créée à Milan en 1957, cette œuvre est inspirée d’un texte de Bernanos, écrit à partir d’une nouvelle de Gertrud von Le Fort, La Dernière à l’échafaud. L’histoire est tragique. Blanche de la Force est une jeune femme de nature très anxieuse et terrifiée par la mort. Au début de la Révolution française, elle entre au couvent des Carmélites pour tenter d’y trouver un certain apaisement. Mais là, de nouvelles épreuves l’attendent. Il y a tout d’abord l’agonie de la prieure puis la décision des religieuses de mourir en martyres pour leur foi après l’abolition des ordres monastiques. Blanche s’enfuit avant de revenir le jour de l’exécution des sœurs. Elle est parvenue à surmonter sa peur et monte la dernière sur l’échafaud.

Du silence

Lors de la composition, « Poulenc fait en sorte que le texte soit vivant — ce n’est pas courant dans les opéras français. Il l’explore et l’éclaire. Il y a une vraie sophistication dans l’écriture. On pourrait dire que les pièces précédentes de Poulenc sont en noir et blanc et Dialogues des carmélites, en couleurs. Cela demande beaucoup de travail pour trouver toutes les bonnes couleurs », indique Ben Glassberg qui dirige l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie.

Une telle histoire dans un couvent impose aussi le silence. « Poulenc joue beaucoup avec, remarque le maestro. Tout au long de l’œuvre, les silences sont plus ou moins longs. Le compositeur donne d’ailleurs beaucoup de précisions. Ce qui est intéressant, c’est qu’il impose beaucoup sans jamais nous enfermer. En fait, il donne des indications pour ouvrir les imaginaires. À chaque répétition, nous découvrons des choses nouvelles ».

Dans cette œuvre se bousculent de multiples sentiments, allant de la peur au courage. « Chaque scène est un petit monde et exprime une émotion ». Dialogues des carmélites est composée de douze grandes scènes. Ben Glassberg la compare volontiers au Songe d’une nuit d’été de Britten pour sa modernité et au Tour d’écrou, toujours de Britten, dans la manière de développer les thèmes musicaux.

Photo : Caroline Doutre

Infos pratiques

  • Mardi 28 janvier à 20 heures, jeudi 30 janvier à 20 heures, samedi 1er février à 18 heures, mardi 4 février à 20 heures au Théâtre des Arts à Rouen
  • Durée : 3h15
  • Tarifs : de 85 à 10 €
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
  • Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce