Anne Paceo : « si je n’avais pas la musique, je me perdrais »

Photo : Francis Bellamy

Entre les sorties d’albums, Anne Paceo aime parcourir son répertoire avec différents musiciens. Rewind est la lecture d’un instant de quelques titres qu’elle a composées. La batteuse, figure d’une scène jazz très inventive, a développé un style de jeu très personnel et une écriture influencée par les voyages et les rencontres. Lors d’une Tournée sous les pommiers, elle joue Rewind du 22 au 26 avril au Forum à Falaise, à La Renaissance à Mondeville, au conservatoire à Rouen avec L’Étincelle et à La Cidrerie à Beuzeville avec le rappeur Osloob, le saxophoniste Christophe Panzani et le clavieriste Tony Paeleman. Entretien avec Anne Paceo.

Rewind est un retour sur vos différentes compositions. Comment appréhendez-vous cette notion de répertoire ?

Je mets un point d’honneur à composer. La notion de répertoire est importante. Avec Rewind, nous reprenons des morceaux que j’ai beaucoup joués pour leur donner une autre couleur et les réinventer. Les liens entre les musiques se tissent naturellement. Le fil conducteur, c’est la mélodie.

Comment s’est imposée la composition ?

J’ai composé par nécessité. J’ai ainsi eu l’impression de mettre en musique le temps qui passe. Chaque album est un moment de ma vie, la photographie d’une période et d’un état d’esprit. Cela donne une consistance au temps et grave quelque chose. Certains reprochent aux artistes de faire le même disque par facilité. Pour moi, c’est impensable parce que nous sommes des êtres mouvants. Nous évoluons. Avec Rewind, je peux me remettre dans des états et des étapes de ma vie.

Sont-ce les voyages qui nourrissent vos compositions ?

Je suis influencée par les gens avec qui je joue. Mon voyage en Birmanie, mon séjour à la Nouvelle-Orléans ont été aussi déterminants. Ce sont toutes ces rencontres qui font évoluer, qui nous apprennent ce dont nous avons envie et nous font comprendre pourquoi nous faisons de la musique.

Pourquoi ?

C’est une nécessité vitale. Si je n’avais pas la musique, je me perdrais, je ne saurais pas qui je suis. C’est une grande partie de ma vie. Je serai malheureuse si je ne pouvais pas jouer. La musique donne une consistance à ma vie. 

Qu’est-ce qui vous guide pour déterminer le répertoire de Rewind ?

Rewind est un projet éphémère qui évolue et se transforme. Je sais que je ne l’enregistrerai jamais parce qu’il se réinvente à chaque concert. Pour cette tournée, je retrouve l’équipe de base avec Osloob, Tony Paeleman et Christophe Panzani. Nous nous donnons beaucoup de liberté. C’est la musique qui guide. J’aime comparer l’improvisation au banc de poissons où tous changent de direction au même moment. Il y a ce truc télépathique.

Vous allez sortir un nouveau album, Atlantis, le 29 août 2025. Pourquoi avez-vous choisi le thème de l’eau ?

L’eau, la mer, l’océan me procurent des sensations. Jouer de la musique, c’est comme un bain dans l’océan. Il y a quelque chose de purificateur. Il y a trois ans, j’ai appris à plonger avec des bouteilles et j’ai ressenti des sensations fortes. Quand je joue de la musique, je ressens ces mêmes sensations de plénitude. J’ai l’impression de faire partie d’un autre monde. J’ai pu plonger à des endroits que je connais très bien mais j’en ai découvert une autre partie. Jusqu’alors, j’étais passée à côté de la moitié de ce paysage. Pour composer ce nouvel album, je suis partie des échanges entre Romain Rolland et Sigmund Freud qui nous expliquent que nous faisons partie d’un grand tout. C’est ce que l’on ressent aussi dans l’océan.

Un premier titre, Aube marine, est déjà sorti. Il est justement empreint d’une grande plénitude.

J’ai en effet essayé de retraduire la plénitude, la joie. C’est difficile à expliquer. C’est pour cela que l’on remplace les notes par les mots. À moins d’être Baudelaire. Les mots ne traduisent pas assez les émotions.

Vous faites la Tournée sous les pommiers. Vous avez tissé des liens forts avec Coutances.

Oui, cela fait des années que l’on se pratique. J’y étais en résidence pendant trois saisons et j’y suis retournée. Coutances, c’est la famille, ce sont des gens que j’aime fort. C’est aussi là où j’ai éclos en tant que compositrice. L’équipe m’a permis d’avoir confiance en moi. C’est la confiance des autres qui donne de la force.

Infos pratiques

  • Mardi 22 avril au Forum à Falaise. Tarifs : de 13 à 10 €. Réservation au 02 31 90 89 60 ou en ligne
  • Jeudi 24 avril à 20h30 à La Renaissance à Mondeville. Tarifs : de 16 à 8 €. Réservation au 02 31 35 65 94 ou en ligne
  • Vendredi 25 avril à 20 heures au conservatoire à Rouen. Tarifs : de 22 à 5 €. Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.letincelle-rouen.fr
  • Samedi 26 avril à 20h30 à La Cidrerie à Beuzeville. Tarifs : 17 €, 14 €. Réservation au 02 32 57 72 10 ou sur www.lacidrerie.beuzeville.fr