Une mère révolutionnaire

Maria (Bérénice Bejp) va devoir choisir entre son rôle de mère et celui de militante révolutionnaire / Photo : Bac Films

Avec Mexico 86, César Diaz s’intéresse à une période sombre de la dictature au Guatemala où il est né. En mémoire à sa mère militante, il filme une activiste incarnée par Bérénice Bejo.

Invité aux Rencontres de Gérardmer, le réalisateur belgo-guatémaltèque César Díaz s’est nourri de sa propre histoire pour son deuxième long-métrage, sortir mercredi 23 avril après Nuestras madres qui avait remporté la Caméra d’or au festival de Cannes 2019. « Engagée dans la lutte contre la dictature, ma mère a dû s’exiler au Mexique pour pouvoir continuer le combat. J’avais 3 ans et elle m’a confié à ma grand-mère qui est restée au Guatemala. Je l’ai rejointe au Mexique lorsque j’ai eu 11 ans… et ça a été très dur !  Ses combats et ses engagements ont toujours passé avant son rôle de mère » raconte-t-il en gardant le sourire.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis les années 1980 et 1990. Ce n’est sûrement pas un hasard si Maria, l’héroïne de Mexico 86, est une militante révolutionnaire guatémaltèque, exilée à Mexico depuis des années. Sans la juger, il filme l’action politique de cette femme portée par Bérénice Bejo, actrice franco-argentine, qui joue avec sobriété une espionne tantôt sûre d’elle, tantôt tremblante, mais toujours courageuse, la comédienne s’en donnant à cœur joie pour changer de perruques, de tenues, d’apparences… Reste que l’on est très loin de son personnage d’espionne dans OSS 117, Le Caire nid d’espions. Ici, on est dans les coulisses de l’Histoire du Guatemala et sa guerre civile qui a duré de 1960 à 1996.

La place de l’enfant


Mais le sujet principal de ce Mexico 86, c’est la place de l’enfant parmi les activistes. « J’ai voulu confronter l’engagement politique et la lutte armée, tels que les a vécus ma mère (et tant d’autres), à une réalité simple : être mère. Il y a une contradiction profonde entre les deux. Ces militants consacraient leur vie à bâtir un monde meilleur pour leurs enfants, or ils n’avaient plus de place pour remplir leur rôle de parents »
On imagine facilement que l’arrivée de Marco (Matheo Labbe) ne peut que perturber la vie de sa mère. Après avoir témoigné du déchirement de la séparation — dix ans plus tôt, Maria avait son fils dans ses bras lorsqu’elle a vu son mari se faire assassiner, et l’a confié à sa grand-mère — César Diaz filme les retrouvailles hésitantes, l’organisation d’une nouvelle vie sous un faux nom, la peur d’être suivis, d’être reconnus, d’être retrouvés…
L’action l’emporte alors mais avec une telle mère révolutionnaire, l’émotion ne tarde pas à nous secouer à nouveau.


  • Mexico 86 de César Díaz (1h33) avec Bérénice Bejo, Matheo Labbe, Leonardo Ortizgris…