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La mélancolie d’une femme en exil

Photo : Compagnie Oko

Taya Skorokhodova de la compagnie OkO se saisit des mots de Marina Tsvetaïeva pour évoquer l’exil et l’héritage. Joué avec la musicienne Pauline Denize, Je serai feu est présenté mardi 20 mai à la chapelle Saint-Louis à Rouen lors du festival Curieux Printemps.

« J’aurais aimé savoir écrire comme elle ». Elle, c’est Marina Tsvetaïeva (1892-1941), poétesse russe, censurée par le régime de Staline. Taya Skorokhodova a commencé à lire ses textes alors qu’elle était encore en Russie. « Son écriture est tranchante. Elle va droit au but. C’est même parfois un peu cru. Il y a aussi une réelle musicalité dans sa langue. Avec cette femme qui a eu une vie tragique, je suis en empathie et je me suis vite identifiée à elle ». 

Leur point commun : les deux femmes ont quitté la Russie mais pas pour les mêmes raisons. L’autrice est allée dans différents pays, la danseuse et comédienne est arrivée en France à l’âge de 14 ans. Dans les écrits de Marina Tsvetaïeva, il est question d’amour, de jalousie et d’exil, de nostalgie d’un pays et d’une culture, de solitude. « Je suis en exode et je sais que je ne peux plus revenir en arrière. Quand on déménage, tout est à refaire ».

En deux langues

Présenté dans diverses salles de la région lors des festivals En Attendant L’Éclaircie et Toute Première Fois, puis pendant le Curieux Printemps, Je serai feu relate des bribes de vie avec les sentiments qui y sont liés. Taya Skorokhodova les raconte dans les deux langues parce qu’elles « font partie de moi. C’est quelque chose que j’ai en commun avec l’autrice. Dans la vie, je jongle avec le français et le russe ». La comédienne joue cette femme exilée qui partage ses états d’âme. En elle, il y a ce feu. « C’est le feu de la vie, ce quelque chose qui brûle à l’intérieur de soi. Marina Tsvetaïeva ne savait pas ce que sera fait le lendemain alors elle vivait. C’est pour cette raison qu’elle est remplie de plein d’histoires ».

Taya Skorokhodova fait siens les mots de Marina Tsvetaïeva, mis en musique par Pauline Denize, violoniste. Dans Je serai feu, elle les joue et elle les danse. Comme dans toutes les créations de la compagnie OkO, le langage du corps tient une place singulière. Le mouvement doit traduire les émotions.

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