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Isabelle Huppert : « les mots de Maupassant se suffisent à eux-mêmes »

La Parure, Les Bijoux, Le Papa de Simon, Le Père, Mon Oncle Jules, Le Bonheur, La Confession… Ce sont sept titres de nouvelles écrites par Guy de Maupassant (1850-1893), le maître dans cette forme de narration réaliste. Isabelle Huppert fait entendre les mots de l’écrivain normand dimanche 16 février au Rive gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. Cette lecture est une fenêtre ouverte sur l’univers si singulier de Maupassant. Entretien avec la comédienne.

Qu’est-ce qu’une bonne lecture ?

J’aime bien arriver à ce que la lecture soit incarnée. J’ai très peu lu Maupassant mais je l’ai fait plusieurs fois avec le Marquis de Sade et L’Amant de Marguerite Duras. C’est intéressant d’essayer de faire exister des personnages tout en sachant que vous n’avez pas la liberté de l’espace théâtral. Pourtant, le public doit percevoir des images, des émotions.

Est-ce que ces images et ces émotions passent uniquement par les mots ?

Oui parce que l’on n’a rien d’autre. Il faut rester concentrer sur les mots. Surtout les mots de Maupassant qui se suffisent à eux-mêmes. Quand on a un livre de Maupassant entre les mains, on a un livre d’un grand écrivain dont les mots sont capables de nous transmettre des tensions, des sensations. C’est tout le pouvoir de la littérature.

À quel endroit l’écriture de Maupassant vous touche ?

Maupassant sait raconter des histoires très précises qui ont dès le début une valeur universelle. Il ne va pas s’étendre sur des centaines de pages. C’est toujours très précis et très fort.

Qu’est-ce qui a guidé le choix de ces sept nouvelles ?

Cela a été un peu instinctif. Maupassant a tellement écrit. Choisir, c’est toujours renoncer. J’ai souhaité que les nouvelles soient variées et se complètent.

Elles abordent les thèmes de la paternité, de l’amour et de la futilité.

Dans ces nouvelles sont décrits et bien définis tous les grands sentiments.

Vous venez les lire sur les terres de Maupassant.

Oui et pas loin de celles de Madame Bovary. Raphaëlle Girard, la directrice du Rive gauche, a eu à cœur de me proposer cette lecture dans son théâtre.

Avez-vous de bons souvenirs de lecture ?

Non, pas vraiment. Je ne vais pas écouter des lectures mais je vais beaucoup au théâtre. Je me souviens cependant d’une lecture de La Douleur de Marguerite Duras par Patrice Chéreau et Dominique Blanc. Patrice engageait tout son corps. 

Est-ce que le rapport au public est différent lors d’une lecture ?

Non, le public est tout autant attentif. Nous sommes dans la même situation, le même dispositif qu’au théâtre. C’est un être vivant qui vient devant des êtres vivants. Lors des lectures, je m’étonne toujours à quel point le public aime entendre des mots. Dans cette forme, il n’y a rien de plus simple. C’est formidable.

Infos pratiques

  • Dimanche 16 février à 16 heures au Rive gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray.
  • Tarifs : 30 €, 20 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 32 91 94 94 ou sur www.lerivegauche76.fr