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Laurent Bonnaterre : « Je souhaite consolider le réseau et co-construire avec les territoires »

Entretien avec Laurent Bonnaterre, maire de Caudebec-lès-Elbeuf, sur la culture en Normandie. Il mène la liste Normandie Terre d’avenir, soutenue par La République en marche pour les élections régionales en Normandie qui se dérouleront les 20 et 27 juin.

Quel regard portez-vous sur le monde de la culture ?

Je suis un amoureux de la culture. Je viens du monde de la bande dessinée, de la lecture. J’ai un rapport au quotidien et c’est un rapport d’usager, de consommateur de culture, presque sous toutes ses formes : le livre, le cinéma, le théâtre, les concerts, les expositions… Je ne passe pas un week-end de détente ou des vacances sans culture. Sur le territoire normand, l’offre est diversifiée et riche dans beaucoup de zones. On le sait, plus le territoire est grand, plus l’offre est importante. Il ne faut cependant pas oublier les musées de proximité dans les villes plus petites. En Normandie, il y a un terreau et des acteurs. Le spectre est large avec Flaubert, Orelsan, Petit Biscuit…

Dans votre programme, la culture figure dans un chapitre consacré à l’aménagement du territoire. Pourquoi ?

Ce n’est pas une compétence de la région qui est surtout en soutien. Cela va de l’Opéra aux intercommunalités. Cela reste un objet de discussion. Je préfère fixer des axes forts plutôt que d’écrire un catalogue à la Prévert. Je n’ai pas d’annonces à faire. Je rencontre les acteurs du territoire normand pour comprendre leurs besoins et je construis avec eux. J’ai toujours fait comme cela.

Vous faites néanmoins quelques annonces, notamment un soutien à la diffusion. Comment voulez-vous procéder ?

J’ai récemment vu les personnes de la filière cinématographique, Richard Patry (exploitant de salles, patron du groupe Noé et président de la fédération nationale des cinémas français, ndlr) et Denis Darroy, (directeur de Normandie Images, ndlr), de l’école d’animation (Lanimea, ndlr) qui se trouve dans ma commune… La production cinématographique est un enjeu pour la région. J’ai fait un autre constat : il n’y a plus les outils qui vont bien pour accompagner la diffusion des livres. Comme je le disais, je ne veux pas faire d’annonces fracassantes mais être dans la fabrication d’outils. 

Quelle place accordez-vous aux droits culturels ?

Je souhaite consolider le réseau et coconstruire avec les territoires. Il y aura un vice-président chargé de la culture auprès de moi et je délèguerai, à lui et à son équipe, beaucoup de tâches. Il devra travailler avec les communes, les départements, l’éducation nationale, notamment les lycées et prendre en compte les initiatives locales. Ce ne sera pas comme le vice-président actuel que l’on ne voit nulle part.

Une autre mesure : la mise en place d’une plateforme normande des festivals. Quelle sera sa forme ?

La Normandie est une terre avec pas mal de festivals. Les Normands ont aussi une grande appétence pour sortir, consommer de la culture. Quel va être le modèle post-crise ? Les festivals ont été lourdement touchés. La plupart d’entre eux ont reçu un soutien pour traverser cette crise. Il faut trouver avec eux le bon modèle économique. Même si je suis plutôt positif, il ne faut pas exclure que les Français aient envie de changer leur pratique, qu’ils veulent moins de contacts et éviter les grandes foules. Il faudra soutenir le réseau normand des festivals.

Comment accompagner les artistes aujourd’hui ?

Il y a les artistes, aussi les structures privées. J’ai rencontré le propriétaire du théâtre À L’Ouest à Rouen qui a passé un cap très difficile. Je pense qu’il faudra examiner les différentes situations et surtout mener des réflexions sur les modèles économiques parce qu’il ne peut y avoir d’enveloppe financière supplémentaire. 

Conserverez-vous le budget pour la culture ?

Oui, il faudra le répartir sur tous les territoires et sur la création. Il y aura un autre partage. L’Opéra de Rouen ne peut résumer à lui seul la politique régionale. Je tiens aux Concerts de la Région mais il faut qu’ils profitent à tous les habitants. 

La Normandie compte de nombreuses structures culturelles mais il reste des zones blanches. Comment y remédier ?

On peut aller hors les murs. Dans ma commune, j’expérimente. On peut s’autoriser le plein air, organiser des choses dehors. On ne peut pas construire des salles de spectacles partout. Après, il faut de l’argent et des compétences pour programmer, accueillir le public… 

En Normandie, il n’y a pas de pôle d’enseignement supérieur. Est-ce un manque pour vous ?

C’est une piste à creuser. Je ne dis pas que l’on ne va pas le faire ou le faire. Il faudra une expertise.

Est-ce que la culture est un moyen de faire rayonner la Normandie ?

Nous avons une structure unique en son genre, c’est le pôle qui réunit le Cirque-théâtre à Elbeuf et La Brèche à Cherbourg. C’est unique dans toute l’Europe. Pour le reste, c’est plus difficile en terme de résonance. L’offre française est très bonne. Il y a des locomotives. Je ne pense pas qu’il faille être dans un truc performatif. Ce n’est pas comme le foot où il vaut mieux jouer en première division.